366 Alphabétiques

Il y en a un qui se fout de ma gueule, là-haut. Même les plus récalcitrants de mon entourage ne peuvent, cette fois-ci, qu'opiner du bonnet.

Ma vie c'est un jeu de quilles, et il y en a un là-haut qui s'amuse à chatouiller les chiens pour qu'ils viennent tout envoyer valser dans mon couloir à chaque fois que je relève la dernière quille.

Sauf qu'avec le temps, lui il a peut-être les quilles, mais moi j'ai de la bouteille, alors ça prend pas, non non. Remballe tes chiens, mon gars, je me débrouille toute seule au strike, merci bien. Même si la boule que je lance ressemble fort au casque de mon cosmonaute....

I had a dream

but I lost it on the way.

And now it seems

My dream is back today.

Nostalgie. C'était hier et je passais mes 4h de train dans un état d'attente hystérique à l'idée de le retrouver sur le quai de la gare de cette ville en pierre noire.

Nostalgie. En traversant la Manche, nous sommes tous entassés dans une cuisine baignée de lumière pour un anniversaire surprise, le mien, le contingent français et l'addition allemande.

Nostalgie. C'était il y a encore plus longtemps. La banlieue était verte et je la traversais dans les diverses voitures de ceux qui avaient déjà le permis.

J'ai gardé des petits bouts de ces moments-là jusqu'à aujourd'hui, et j'ai l'occasion de les revivre tous une seule fois. Mais est-ce que ce sera vraiment pareil qu'avant?

25 mai comment oublier qu'il aurait eu 102 ans, mon grand-père, et comme me paraissent loin mes souvenirs d'enfant.

C'est l'histoire d'une héroïne qui répète toujours les mêmes conneries.

Un jour, elle arrive à un croisement. Elle peut partir à gauche, elle peut partir à droite, dans le sens du changement.

Ses années en Angleterre lui ayant fortement perturbé l'esprit, elle va forcément choisir le côté gauche.

A moins que....

Je ne l'ai pas entendu arriver parce qu'il n'a pas fait de bruit. Un petit truc qui s'insinue, pas vraiment une affirmation mais plutôt une absence de négations. Un conditionnel qui pourrait, si on poussait la porte. Je ne me suis pas méfiée, la tête légère, j'ai promené le chat à travers toute la banlieue ensoleillée en les suivant, et j'entendais ce rire, joyeux et persistant, régulier et contagieux. J'ai tressailli quand j'ai compris que ce rire était le mien.

C'est dans la voiture du retour, en chantant Téléphone à tue-tête tous les trois dans la nuit que je me suis aperçue qu'il y avait bien un truc, encore un embryon, un machin tout petit, mais j'ai bien fait attention à ne pas marcher sur la coquille de l'oeuf, on ne sait jamais, je suis curieuse de voir ce qu'il peut en sortir.

Peter Pan au téléphone, rigole, rigole,

Peter Pan la salle des pas perdus

se gondole, se gondole,

Peter Pan mon Peter Pan, un joyeux non-anniversaire

moins le non, à mon petit frère.

Des gens que j'aime bien, qui partagent mon quotidien ou d'autres plus lointains mais qui sont revenus, ils ont tous allumé des lumières au bord de ma journée, aléatoirement, et c'est cette queue de comète au petit bonheur qui a décalqué son sourire sur le coin de mes lèvres.

Un oeil, puis la moitié du quart d'un deuxième. Juste assez pour voir le rayon de soleil filtrer à travers les volets.

Une oreille, puis la moitié du quart d'une deuxième, bien suffisant pour entendre les oiseaux s'approprier le jardin dès le lever du soleil.

Un oreiller, puis un deuxième sur la tête, entièrement, boh, tant pis, Paris peut bien attendre, je rentrerai demain dès l'aube, je reprends mes droits sur mon dimanche.