mercredi, 28 mars 2012

Aujourd'hui action éclair...

Il fallait le faire ! maintenant que le papier peint est à terre, et bien il faut le ramasser ! rendre à cette chambre, provisoirement au moins l’air habitable. Nous devons recevoir des amis et c’est la seule pièce disponible… Opération nettoyage éclair, du moins presque, deux heures tout de même ! 

Et il y a encore du boulot…

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(051/366)

D’autre 366 à prise rapide…

Le vieux…

Je n’ai plus l’habitude de travailler en entendant des sons humains autour de moi. Ce n’est pas ma faute si mon dernier patron était muet. Cela ne l’empêchait pas d’être un gars bien, jamais un mauvais coup, un énervement, tout en douceur. Il savait toujours trouver le geste qu’il fallait pour me mettre dans le bon rythme de travail, m’expliquer exactement ce que je devais faire. Une caresse, un regard, et j’avais compris. Tout ce passait naturellement entre nous. C’est vrai que mon boulot, je le connaissais par cœur. 
J’ai été élevé à la dure, et dés que j’ai été en âge de trimer, on m’a mis d’office aux champs. Cela n’a pas toujours été facile, le boulot était pénible et mes patrons pas toujours tendres avec moi. J’en ai eu deux avant le vieux muet. Le premier, il n’arrêtait pas de crier après moi, comme quoi je faisais tout de travers, régulièrement il me battait avec une trique. Pour me faire avancer qu’il disait. J’en ai encore mal quand j’y repense… 
Le deuxième, ni bon ni méchant, lui aussi a voulu me dresser, mais c’était juste des cris, toute la journée et quand il me tapait dessus, c’était seulement avec les mains. Puis finalement, le vieux est arrivé, il m’a pris avec lui, car on venait de me remplacer par une machine. Une machine, cela ne cause pas, ne proteste pas, juste elle tombe en panne. Et le vieux il n’avait pas les moyens de se payer une machine, il finirait sa vie à l’ancienne, comme ses parents lui avaient appris, et comme j’étais un des derniers à connaître le boulot… 
C’est là que j’ai su que l’on pouvait travailler en silence et dans le calme. C’est vrai aussi que le vieux ne courrait pas après le profit, tout ce qu’il voulait, c’est juste de quoi pouvoir nous nourrir, tout les deux. Le vieux, je peux dire que je l’ai aimé. Alors tout à l’heure, quand il est tombé, j’ai su que c’était fini, pour lui, mais pour moi aussi. Plus jamais je ne pourrais travailler avec des bruits humains autour de moi, trop de mauvais souvenirs. Et puis, dans nos campagnes, tous les percherons ont disparu, remplacés par les tracteurs, je suis le dernier…

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Ceci était  ma participation au petit jeu du sablier d’Automne… première publication le 05/10/2007