mardi, 8 mai 2012

Aujourd'hui, la ligne qui va de...

Je regarde cette ligne que nous avons commencé à tracer depuis un bon moment déjà, ligne droite pleine de courbe et d’intersection, je regarde cette ligne de son point de départ et me demande bien jusqu’où elle peut aller ?

(094/366)

D’autre 366 à prise rapide…

Attention fragile…


- Cela faisait longtemps que vous la connaissiez ?
- Environs 7 ans, l’on s’était rencontré à une soirée, chez des amis, elle m’avait tout de suite plu, j’ai tenté ma chance, mais elle a fini la nuit avec un bel hidalgo… J’avais l’habitude de rentrer seul, un râteau de plus, on fini par s’habituer…
- Et elle ?
- Son amant s’est tiré dès le petit matin, comme souvent dans ce genre de cas. Il avait eu ce qu’il voulait. Par la suite, je me suis aperçu qu’elle ne se laissait séduire que par ce type de personnage, peut-être dans le secret espoir d’être celle qui les retiendrait… Mais à chaque fois, elle était malheureuse, jurait que l’on ne l’y reprendrait plus, et toujours elle recommençait…
- Oui, mais vous, comment l’avez-vous revu ?
- Le soir, j’avais réussi à lui glisser mon numéro de téléphone, au prétexte d’aller arranger son ordinateur. À 10 heures elle m’appelait en pleurs pour me demander de venir. J’ai passé ma journée à la consoler, comme si elle avait perdu l’amour de sa vie. C’est là que notre aventure a commencé…
- Vous avez couché avec ?
- Jamais… Elle n’a jamais voulu… Je l’ai tout de suite aimé, mais ce n’était pas réciproque… en tout cas, c’est ce qu’elle disait…
- Elle ne vous aimait pas ?
- Non… Du moins… Je pense qu’au fond d’elle… Si… mais c’était plus facile pour elle de ne pas s’engager en continuant des histoires d’une nuit ou de quelques jours, en faisant inconsciemment semblant d’y croire… Les relations bancales sont parfois plus simples à gérer…
- Et vous n’êtes pas partis ?
- Non, je ne pouvais pas, une grande complicité nous liait… J’ai essayé deux ou trois fois de la convaincre, puis j’ai fait mon deuil de cet amour impossible. Je suis sorti avec d’autres filles, sans plus, sans beaucoup de sentiments, juste pour exister… Mais pas un jour n’existait sans que l’on se téléphone, pas une semaine sans que l’on se voie…
- Bon, revenons à hier soir, que c’est-il passé ?
- Elle n’avait pas le moral, son garagiste, qu’elle avait réussi à garder deux semaines, était partie. Alors, on a décidé d’aller boire un coup au Macumba. Le verre de trop sans doute… Je ne sais pas pourquoi, ce soir-là j’ai de nouveau voulu tenter ma chance… Des années que je n’y songeais même plus… L’alcool certainement… je me suis rapproché d’elle et je lui ai mis le bras autour de la taille… Elle s’est laissé faire… Et puis je l’ai embrassé, doucement… Elle s’est laissé faire… Et on est rentré chez elle où elle m’a proposé d’en boire un dernier …
- …
- Il lui restait un fond de whisky, juste deux verres, on les a bus en papotant comme d’habitude. Après je me suis levé. Elle a dû penser que je voulais partir, comme en général à cette heure-là… Alors, elle s’est levée aussi. J’ai voulu l’enlacer et l’embrasser comme tout à l’heure… Mais elle m’a repoussé en me disant… … …
- En vous disant quoi ?
- … … non, je préfère que l’on reste bons amis…
- Vous avez insisté ?
- À ces mots, quelque chose s’est brisé dans ma tête, j’ai pris la bouteille…
- La bouteille de whisky vide ?
- Oui… Tout a été très vite… Je me souviens d’avoir pris la bouteille… Et puis tout de suite après les craquements de son crâne, l’onde de choc dans mon bras, le sang partout… Elle, par terre… C’est vraiment fragile un crâne ! Pas la bouteille, elle n’est même pas cassée… Je ne pensais pas, ne voulais pas… Je l’aimais…
- Mais maintenant, elle est morte, et c’est vous qui l’avez tué !
- Vous savez Monsieur le Commissaire, finalement, chez l’homme, ce qu’il y a de plus fragile, c’est le lien entre l’amour et la haine, la raison et la folie…
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Publié initialement le 08 mars 2008
Version sonore : 

Fichier audio intégré

Rouge…

Rouge, c’est le prochain thème que je propose à votre sagacité pour le chic ! des cliques ! du moi de mai. Thème simple et fédérateur, je l’espère, histoire de voir revenir ici les hordes de participants d’une certaine époque. Et déjà essayer de dépasser la vingtaine des dernières éditions (le record étant de 47, je crois).

Donc l’envoi commencera le 12, et les votes le 15… Plus de précision le moment voulu…

Fin de nuit…

« Il y a quelque chose de terrible en moi ». Je n’ai pas eu le temps de trouver autre chose à dire. Je sais, c’est idiot. C’est tout ce qui m’est venu à l’esprit quand elle est rentrée, qu’elle s’est arrêtée net, là, à nous regarder, d’un air incrédule…

« Oui, cela paraît bête, mais c’est dans mes gènes, je n’y peux rien : J’ai du charme, un charisme indéfectible. C’est à l’intérieur de moi-même, dans ma tête, cela me ronge de l’intérieur, je voudrais bien pouvoir êtres comme les autres, d’une banalité affligeante, pouvoir me faire discret, presque invisible. Mais rien à faire, que veux-tu, je plais ! Et ma petite gueule d’ange n’arrange rien au problème…»
J’ai senti une amorce de sourire sur son visage…
«S’il ne tenait qu’à moi, je me soumettrais avec plaisir à une petite vie de bon père de famille, toujours fidèle et aimant, attentionné même, comme dans les contes. Mais voilà, rien ne m’est épargné, et tu le sais bien ! Dès que je suis quelque part, j’attire bien malgré moi la moindre présence féminine. Et sans rien faire, je te le jure ! Je suis un aimant, un pôle d’attractivité. Qui puis-je ? Et une fois que la machine est en route, que devrais-je faire ? Dire à ces dames, que non, désolé, mais je suis inaccessible pour vous, et passez pour un rustre de la dernière engeance ? Non je ne peux pas, j’ai été programmé pour donner du plaisir et du bonheur, même éphémère… Alors, je te le demande, qu’est-ce que une nuit, que j’aurais oubliée ce soir, alors que la belle se rappellera toute sa vie de cet amant d’un instant qu’elle aura rencontrée ? Si cela ne tenait qu’à moi… »

Paf… Je ne l’ai pas vu venir… Je l’avais même presque oubliée, cette blonde pulpeuse, ramenée de ma dernière virée nocturne. Jusque-là, depuis l’entrée de Patricia, elle était restée coite, remontant dans un geste de pudeur les draps sous son menton, cachant ainsi les fruits de ma convoitise passée. Et puis brusquement, un aller-retour inattendu, mon ange s’est transformé en furie. Faisant fi de toutes règles de bienséance, elle s’est levée, montrant dans toute sa splendeur cette nudité que j’avais eu tant de mal à conquérir. Elle s’est rhabillée à une vitesse impressionnante. C’est planté devant Patricia : « Excusez-moi, Madame, mais ce goujat ne m’a jamais parlé de vous. Je suis vraiment désolé… Surtout d’avoir été aveugle à ce point ! » Puis elle est partie, non sans oublier de renverser tout ce qui se trouvait à porté de ses mains…

Patricia éclata de rire : « Je crois vraiment que ce qu’il y a de terrible en toi, c’est ta goujaterie et ton machisme… Bon, tu veux un café ? »
« Au fait, pourquoi ne lui as-tu pas simplement dit que j’étais ta sœur ?
— Tu crois vraiment qu’elle m’aurait cru ? »

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Billet publié initialement le 02/02/08