dimanche, 14 décembre 2014

2014, un mois, deux photos : Avril (2)…

Plic ploc, c’est la fête à la grenouille…

Plic-ploc

Dressing room…

Cela fait bien longtemps que le dressing est vide ; quelques vieilles vestes poussiéreuses pendent lamentablement dans le vain espoir d’être de nouveau porté un jour !

Il connut pourtant son heure de gloire, entre tailleurs et petites robes rouges, jupes à frou-frou, chemisiers à ne pas froisser et manteaux de saison. Il n’avait de raison d’être que pour elle.

Un jour elle mit tout cela dans une valise et partis, sur le pas de la porte elle fit son petit sourire désolé, baissa les yeux et s’en alla sans se retourner…

La poussière reprit bien vite ses droits…


Ce mois-çi : Brigitte Fontaine ; la chanson du jour : Dressing.

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Meursault, contre enquête…

J’ai acheté « Meursault, contre enquête » de Kamel Daoud avant que tout le monde en parle, j’ai eu un peu de mal à me décider à l’ouvrir, la peur d’être déçu peut-être, ou d’être agacé, ou je ne sais…

Un bouquin qui s’attaque (dans le bon sens du terme) à « L’étranger » d’Albert Camus, en quelque sorte mon ouvrage de chevet, le seul que j’ai lu plusieurs fois, alors forcément, j’étais un tantinet inquiet.

 

De prime abord, résumer ce livre est assez simple. Haroum se présente comme le frangin de « l’arabe », celui qui jusque-là est resté sans nom après avoir été assassiné par Meursault. Il nous donne le patronyme de ce frère mort dans l’oubli : Moussa.

À partir de là, installé dans un bar, il soliloque longuement, nous racontant cette aventure vu de l’autre côté des lignes, des mots, vu de l’œil de ceux que l’on nommait des indigènes, son histoire à lui, celle de Moussa, sa mère, son ressenti du héros de Camus, connue et reconnue, opposée à celle du cadavre d’un arabe sans nom. L’histoire récente de l’Algérie, la fin de la colonisation, l’indépendance. Une magnifique étude sous-jacente de « L’étranger ». Également une grande réflexion sur la quête d’identité, le besoin de reconnaissance…

 

Bien écrit, avec un joli style, ce livre est très agréable à lire.

« Meursault, contre enquête » est un bel hommage à Camus et son roman, qui devrait plaire à la plupart des aficionados.

 Meursault, contre enquête - Kamel Daoud

 

4e de couverture :

 

« Il est le frère de « l’Arabe » tué par un certain Meursault dont le crime est relaté dans un célèbre roman du xxe siècle. Soixante-dix ans après les faits, Haroun, qui depuis l’enfance a vécu dans l’ombre et le souvenir de l’absent, ne se résigne pas à laisser celui-ci dans l’anonymat : il redonne un nom et une histoire à Moussa, mort par hasard sur une plage trop ensoleillée.

Haroun est un vieil homme tourmenté par la frustration. Soir après soir, dans un bar d’Oran, il rumine sa solitude, sa colère contre les hommes qui ont tant besoin d’un dieu, son désarroi face à un pays qui l’a déçu. Étranger parmi les siens, il voudrait mourir enfin…

Hommage en forme de contrepoint rendu à L’Étranger d’Albert Camus, « Meursault, contre-enquête » joue vertigineusement des doubles et des faux-semblants pour évoquer la question de l’identité. En appliquant cette réflexion à l’Algérie contemporaine, Kamel Daoud, connu pour ses articles polémiques, choisit cette fois la littérature pour traduire la complexité des héritages qui conditionnent le présent. »

 

 

Citation que j’ai notée :

 

p22 :

« As-tu bien noté ? Mon frère s’appelait Moussa. Il avait un nom. Mais il restera l’arabe, et pour toujours. Le dernier de la liste, exclu de l’inventaire de ton Robinson. Étrange, non ? Depuis des siècles, le colon étend sa fortune en donnant des noms à ce qu’ils s’approprient et en les ôtant à ce qui le gêne. S’il appelle mon frère l’arabe, c’est pour le tuer comme ont tue le temps, en se promenant sans but. »

 

p125 :

« L’amour est inexplicable pour moi. Je regarde toujours avec étonnement le couple, sa cadence toujours lente, son tâtonnement insistant, sa nourriture qui devient amalgame, sa façon de se saisir par la paume et le regard à la fois, par tous les bords pour mieux se confondre. Je n’arrive pas à comprendre la nécessité de cette main qui en tient une autre, qui ne veut pas la lâcher, pour donner un visage au cœur d’autrui. Comment font les gens qui s’aiment ? Comment se supporte-t-il ? Qu’est-ce qui semble leur faire oublier qu’ils sont nés seuls et mourront séparés ? »