lundi, 4 mai 2015

C'est extra...

Le Dr Caso, que j’ai eu la chance de rencontrer il y a quelques semaines à Paris, nous demande une photo qui nous rappelle un titre de chanson…

Un jour j’ai fait cette image, comme cela ; immédiatement me sont venues à l’esprit les paroles  de “C’est extra” du grand Léo…

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Une robe de cuir comme un fuseau

Qu’aurait du chien sans l’faire exprès

Et dedans comme un matelot

Une fille qui tangue un air anglais

C’est extra

Un moody blues qui chante la nuit

Comme un satin de blanc marié

Et dans le port de cette nuit

Une fille qui tangue et vient mouiller

 

C’est extra c’est extra

C’est extra c’est extra

 

Cette nuit, la mer est noire...

Ce livre est un peu comme un long cri dans la nuit, je ne parlerais pas de hululement, parce que je pourrais passer des heures à les écouter, l’été, les yeux fermés ; non juste d’un grand cri déchirant…

Ironie du sort, « Cette nuit la mer est noire » de Florence Arthaud qui est en quelque sorte un hymne à la vie pour celle qui c’est vue mourir, noyée, pendant de longues heures seules dans l’eau au large de la Corse et qui ne fut sauvé que par une succession de miracle qu’aucun romancier n’aurait même osé imaginer, parait à titre posthume.

L’on dit souvent qu’avant de mourir, l’on voit défiler sa vie, c’est un peu le sujet de ce livre. Tombée à l’eau, de nuit, alors qu’elle naviguait en solitaire, la navigatrice nous fait le récit de ces pensées qui vous viennent à l’esprit quand vous savez que tout, ou presque est finie. De la calme terreur de voir son bateau s’éloigner bon train, poussé par la brise, sous pilote automatique, à la froide, mais lucide résignation quand le corps atteint ses limites et que la fin est proche.

De tous ces souvenirs, les bons comme les mauvais, qui vous reviennent en mémoire, les gens qui vous aiment, que vous avez aimé, les vivants et ceux qui ont disparu.

Confession très intime d’une grande dame qui a plusieurs fois côtoyé la mort de très près, mais toujours s’est battue.

Des mots simples et sans concession, un style épuré et agréable, une belle écriture que l’on n’attend pas forcément dans ce genre d’ouvrage…

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Livre très touchant qui a réussi à me tirer des larmes, mon amour de la mer, mon amour des marins, je crois que je l’aimais un peu…

 

4e de couverture :

 

« J’ai basculé en une fraction de seconde. Je suis dans l’eau. Il fait nuit noire. Je suis seule […]. Dans quelques instants, la mer, ma raison de vivre, va devenir mon tombeau. » Le samedi 29 octobre 2011, alors qu’elle naviguait seule à bord de son voilier, Florence Arthaud tombe à l’eau, au large du cap Corse. Isolée, en pleine nuit, sans gilet de sauvetage, la navigatrice va affronter la mort pendant de longues heures. Elle restera en vie grâce à une série de petits miracles : une lampe frontale, un téléphone portable étanche, du réseau et sa mère qui veillait en pleine nuit. Dans ce livre confession, Florence Arthaud revient sur cet épisode tragique. Elle livre les sentiments, les pensées et les souvenirs qui l’ont accompagnée alors qu’elle se noyait en pleine mer.

 

Florence Arthaud, disparue tragiquement le 9 mars 2015, est la première et unique femme vainqueur de la course transocéanique de la route du rhum en solitaire de 1990. Elle est l’auteure d’Un vent de liberté (Arthaud, 2009)

 

 

Citation :

 

« La crainte de mourir est pour moi la seule vraie terreur. De quoi peut-on s’effrayer, sinon ? De manquer un avion, un rendez-vous ? De manquer d’argent ? La vie est un cadeau, il faut la vivre pleinement et croire toujours en son destin. Là, ce soir-là, j’ai connu l’effroi ! »

 

« Depuis la nuit des temps, des millions de femmes ont rêvé la liberté que j’ai vécue. Depuis des siècles, elles ont donné leur vie pour leurs bourreaux, que ces bourreaux aient eu le visage de l’époux, de la loi, des traditions. Si par mon exemple, elles peuvent se dire « oui, moi aussi, je veux exister ! », j’aurai réussi ma vie. »

« Je me sens parfois dans la peau d’un grand découvreur, d’un Christophe Colomb, d’un James Cook. Je n’ai certes pas ouvert les voies qu’ils ont découvertes, mais j’ai vu les mêmes choses ! Alors que ceux qui refont la route de Marco Polo ne reconnaîtront rien de ce qu’il a vu. Les siècles ont tout effacé, et enfoui les paysages de ses haltes sous les usines et le béton. La mer est un monde encore vierge. Sur la mer, l’homme n’a rien construit. »

 

 

“Vont-ils me retrouver avant que je ne sombre, que je cède à l’abîme des profondeurs ? Mais je suis moins terrorisée à présent. Oui, la terreur m’a quittée. La mort rôde autour de moi, mon corps est épuisé par l’effort, mais mon âme est en paix.”

 

 

« Il ne me reste aujourd’hui en mémoire que ces quelques mots du père Jaouen : « si tu n’es pas morte, c’est que tu as encore des choses à faire sur terre. » »

 

 

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