Hubert Reeves fait partie de ces personnages que j’apprécie énormément au même titre qu’un Michel Serre, ou de feu Gilles De Genne. Voilà des grosses têtes qui, chacun dans son domaine scientifique, excellent au plus haut niveau, et qui dans leur temps médiatique savent expliquer avec des mots simples, non seulement leur métier, mais également la vie, le monde ; ils sont aussi des philosophes sachant porter leur regard sur ce qui les entoure. Je me demande même si des fois là n’est pas l’apanage des vrais savants.
Quand ils se mettent à écrire, leur langage peut soudain devenir abscons pour le commun des mortels ; j’ai dans ma bibliothèque deux ou trois ouvrages du genre jamais finis…
Il y a souvent un gouffre entre la faconde de leurs élocutions aux mots choisis pour un large public, et la rigueur complexe de leurs écrits.
Les derniers livres d’Hubert Reeves sont tout à l’opposé de cela, ainsi en va-t-il de son « Le banc du temps qui passe ».
Il s’agit de petites réflexions philosophiques, de quelques lignes ou pages issues de ses méditations qu’il aime à faire sur son banc et qui abordent tous les grands sujets de notre époque.
Bien sûr, Hubert Reeves oblige, le cosmos et l’univers seront au programme, mais aussi la vie et la mort, la nature et la biodiversité, les sciences, le monde, et j’en passe…
Pour résumer cet ouvrage optimiste que je vous conseille fortement, tant il fait du bien aux neurones l’on pourrait paraphraser Pierre Desproges pour définir la sage pensée d’Hubert Reeves : « La seule certitude que j’ai, c’est être dans le doute »
4° de couverture :
Près de l’étang de Malicorne, face au grand saule pleureur qui se reflète dans l’eau calme, se trouve un banc de bois : “Le banc du temps qui passe”.
Je m’y assois pour tenter de sentir ce mince filet du temps qui nous porte tout au long de notre existence.
Après un moment de silence, me viennent à l’esprit des pensées qui prolongent ma constante interrogation sur le monde. Méditer sur ce monde qui m’émerveille, me fascine et m’inquiète à la fois, c’est aussi chercher à me rassurer.
Ce livre est destiné à tous ceux qui se posent des questions sur le grand mystère de la réalité dans laquelle nous sommes projetés pour un temps. Je veux partager ici mes réflexions sur des thèmes qui me tiennent à cœur. Je cherche à exprimer ce qui se dégage de mes expériences de vie et de mon métier d’astrophysicien, pour livrer à ceux qui me font l’honneur de s’y intéresser mes convictions intimes, celles qui jouent pour chacun un rôle majeur quand nous avons à juger d’une situation ou à prendre une décision concrète.
Mais rien de ces pages n’est définitif. Tout y est provisoire et à remettre à jour - indéfiniment.
H. R.
Citation :
« Pour m’inclure dans ce grand mouvement, j’ai arrosé les bégonias »
« Je commence par un aveu : comme tout le monde, j’ai des préjugés. C’est à dire des opinions que j’accepte sans discuter. Une des plus tenaces m’accompagne depuis l’adolescence : l’idée qu’il existe, dans la nature, une formidable intelligence, forcément bien supérieure à la mienne, dont je me dois d’explorer les arcanes. »
« L’univers à une histoire, nos vies en sont des chapitres »
« Paraphrasant Albert Camus, je veux déclarer que, ne me sentant en possession d’aucune vérité absolue et d’aucun message, je ne partirai jamais du principe que la vérité chrétienne est illusoire, mais seulement de ce que je ne peux plus y entrer (Camus écrivait : « je n’ai jamais pu y entrer »). »
« Quitter l’enfance pour l’âge adulte, c’est accepter que le père Noël n’existe pas, qu’il faut affronter la réalité avec ses mystères et ses difficultés. Nos questions sont nombreuses à ne pas avoir de réponses. Nous devons vivre dans le doute et l’ignorance »
« La science et la technologie peuvent nous apprendre à élaborer des OGM, des nanotechnologies ou des bombes atomiques, mais elles n’ont aucune aptitude à décider s’il convient ou non de le faire. Ces interrogations sont propres à un autre domaine de la pensée humaine : la réflexion philosophique et morale. »
« Les ordinateurs sont intelligents, mais, jusqu’à nouvel ordre, incapables de conscience. Ils ignorent qu’un jour on les débranchera. »
« Se méfier en particulier des conclusions qui confortent nos idées favorites. Tenir en respect le mirage des idées simples et, par-dessus tout, celui des certitudes. La seule certitude, disait Claude Bernard, c’est qu’il n’y en a aucune. »
« Attention aux idées qui nous font nous sentir intelligents. Paraphrasant Flaubert : La réalité n’est jamais ni aussi simple ni aussi compliquée qu’on croit. »
Et toujours proche de la nature, vous pouvez adhérer à son association ” Humanité-Biodiversité”.
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