Mon cher Guillaume,

j’ai bien reçu votre mél, et je dois bien avouer que votre style m’est agréable à lire. Néanmoins, si je puis me permettre, fougueux ami, un passage me laisse perplexe. Je vous cite :

« Et de planète en planète

De nébuleuse en nébuleuse

Le Don Juan des milles et trois comètes

Même sans bouger de la Terre

Cherche les forces neuves »

Certes, d’un commun accord, nous avons, il y a longtemps déjà, décidé de faire fi des tracas de l’amour et autre vulgaire sentiment, pour n’être qu’amant de chair et de vie (ou de vit !), de ne se livrer qu’au plaisir de nos corps. 

Je n’ignore pas que gravite autour de vous une officielle que je ne jalouse en aucun cas, tant votre folie me rendrait folle à mon tour si je devais partager avec vous plus que les quelques heures de nos joyeuses étreintes. D’ailleurs, de mon côté, je ne suis pas non plus dépourvu de défaut…

Mais, si je comprends bien le sens de vos quelques lignes, je ne suis pas le soleil, centre de votre galaxie, mais juste une étoile parmi une myriade. Myriade qui aurait fatigué mon pauvre étalon, forcé, je suppose, telle la comète de Halley, de montrer la vigueur de sa queue à tout l’univers. 

Don Juan, vous dites ? Je doute ! sachez que lui, au moins, avait du tact et le sens de l’honneur !

Faites attention, mon ami, les étoiles des fois sont filantes !

Puisqu’il faut vous reposer pour chercher des forces neuves, ma lune, que vous aimez tant regarder en rêvant, restera en orbite loin de vous. Quant à reposer vos paluches sur mon corps céleste, il vous faudra d’abord faire preuve d’imagination pour que je puisse juste imaginer vous pardonner.

Votre tendre et rousse Madeleine…

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Ce petit plaisir dans le cadre des impromptus de cette semaine dont le sujet est d’écrire un texte en vous inspirant de cet extrait de poème de Guillaume Apollinaire (Calligrammes) :

“Et de planètes en planètes

De nébuleuses en nébuleuses

Le Don Juan des milles et trois comètes

Même sans bouger de la Terre

Cherche les forces neuves”