Et puis un jour, on ose relever la tête. Enfin, pour moi, cela s’est traduit comme cela : j’ai commencé à arpenter la vie en ne contemplant plus le sol, courbée que j’étais sous le poids de mon encombrant boulet, mais redressée, regardant les autres dans les yeux, et l’horizon vers lequel j’allais. Pour être honnête, je m’étais déjà relevé, plus ou moins droit, plein de hardiesse, et puis rapidement, je rebaissais la tête, après tout, c’est notre nature d’être… 

On me disait ici et là que mes congénères étaient bien plus actifs, qu’il se redressait bien plus souvent que moi, et même plus… 
On le disait oui, J’étais jeune, mais eux aussi alors, étais-je normal ? Et plus je me le demandais, moins j’osais relever la tête… 
Et puis un jour est arrivé cette main secourable, différente des autres que je connaissais, du moins quand je dis des autres, je pourrais parler au singulier, parce que…
Elle, elle était plus douce, plus calme, caressante, moi qui n’avais connu alors que de maladroite frénésie. Elle m’a tout de suite mise en confiance, alors fière de mes 16 ans, j’ai relevé la tête, plus haute que je ne l’avais jamais fait, plus droite, Plus ferme que jamais, et puis je l’ai regardé dans les yeux, et là, tout a explosé, comme dans un grand feu d’artifice !

C’est là que j’ai entendu une voix qui disait : « Ne t’en fais pas, cela arrive parfois… Surtout la première fois… »

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Texte initialement paru le 31/03/2008 en participation au Sablier de printemps (amorce 8)