Plus que des images, il y a des sonorités qui vous accompagnent et font vibrer la fibre intérieure des souvenirs. 

Tiens, il suffit que j’entende les cloches des vaches tintinnabuler, et immédiatement je replonge dans mes alpages suisses. Des longues randonnées avec le grand père ou l’oncle, le gâteau au beurre de la tante Blanche dans cette ferme aux mille odeurs, les siestes dans les prés fleuris…

La douce musique du violon, et de son frère le violoncelle, qui depuis mon enfance m’ensorcelle dés que j’en écoute trois notes. Rien de tel pour me faire voyager. Un casque sur les oreilles, le volume à un niveau déconseillé, mais c’est tellement bon ! Oui, comme pour le rock, le classique doit aussi s’esgourder fort ! Ouïr la dextérité d’un Nigel Kennedy, la précision des écouteurs restituant même le crissement des doigts sur les cordes… En transes je suis…

Qui ne garde aucun souvenir de chansons qui ne sonneraient différemment à nos feuilles de choux ? 

Ce premier baiser sur Hôtel California, timide, malhabile, elle autant que moi, ses seins naissant contre ma poitrine, mon sexe qui pour la première fois s’émeut au contact d’un corps féminin ; elle n’en saura rien, il faudra encore quelques années pour qu’une autre s’en aperçoive. N’empêche à chaque fois que je l’entends, je repense à ma petite rouquine aux yeux verts…

Le roulement des vagues qui se jettent sur la plage ou la falaise, et toujours des rêves d’aventures ; envoûtement rythmique, les paupières fermées, qui m’envoie loin dans le bien-être intérieur…

Et puis mille autres bruits que j’aimais, même si aujourd’hui ils ne représentent plus rien. Petit, j’étais fasciné par le  tactactac de la machine à écrire qu’utilisait ma mère. Combien de feuilles blanches ai-je usé à taper n’importe quoi juste pour entendre le fameux « ding » de fin de course ?

Que je les aime tous ses sons, qui éveillent en moi l’image et odeur comme une madeleine toute chaude qui sortiraient du four…

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Petit texte dans le cadre des impromptus littéraires…