Il est entré en même temps que moi dans le wagon. 

Je me suis assis pour lire les dernières pages du Goncourt, le fameux « Serment sur la chute de Rome », et accessoirement aller jusqu’à Montparnasse…

« Mesdames et messieurs, bonsoir. Je suis SDF et je n’ai pas mangé, excusez-moi de vous déranger… » 

Triste litanie de plus en plus entendue dans notre métro, bien souvent dans une indifférence générale. 

Moi le premier, cela fait bien longtemps que je ne donne plus, préférant soulager ma conscience d’un chèque conséquent au resto du cœur.

Allez savoir pourquoi, est ce son regard triste de celui qui sait que son discours est de plus en plus vain, le peu d’entrain de mes co-voyageurs à donner ne serait-ce qu’un sourire, un regard faussement compatissant ou simplement le peu de succès rencontré à cette heure tardive ; je fus pris d’une empathie soudaine.

Je sortis deux euros de mon porte-monnaie que je posais dans sa main tendue sans grande conviction. Il me remercia d’un sourire édenté, mais que je sentis sincère.

Bonne année ai-je pensé ironiquement, mais je n’ai pas osé lui dire…

C’était un mercredi soir ordinaire à Paris ; deuxième jour de 2013…