Je viens de lire le dernier ouvrage de Jean-Louis Fournier, «La servante du seigneur», tout à la fois véritable cri d’amour, mais également de désespoir envers sa fille Marie, qui en rencontrant l’homme de sa vie a aussi embrassé une foi catholique un peu trop puissante à son goût ; de cette foi intégriste qui vous fait basculer dans un autre monde.
Il s’agit de court texte adressé à sa fille, comme des petites lettres, des mots posés dans un cahier pour exorciser son mal, à la sauce Jean-Louis fournier tout en humours noirs acides et grinçants, une grande dose d’autodérision et un gros paquet de cynisme.
Rappelons que dans ce domaine, Jean-Louis Fournier a été à bonne école en réalisant avec Pierre Desproge «la minute nécessaire de Monsieur Cyclopéde» ou encore pour les plus anciens, le dessin animé «La noiraude».
Voila un style que j’aime bien pour le pratiquer souvent même si je ne vous le livre rarement sur ce blogue pour me le réserver à mes écrits privés.
Cette forme d’écriture et de pensée est une arme redoutable contre les maux de la vie, ce qui n’empêche pas de pleurer quand on se retrouve seul à seul avec son âme.
Se repose à la lecture de se livre émouvant toute la question de la séparation amoureuse, bien que l’on parle d’un père et de sa fille, c’est de cela dont il s’agit en réalité ici ; les mêmes mécanismes, ressort identique.
Celui ou celle qui part, qui a besoin de renier les bons moments du passé, de faire comme si tout cela était faux, juste une erreur, une manipulation ; déni souvent obligatoire pour justifier sa décision.
Et celui ou celle qui reste qui se raccroche à ses mots d’amours d’antan, aux instants de tendresse, de bonheurs, comme une moule sur son rocher sans pouvoir ou vouloir comprendre ce qui à bien put changer, ce qui c’est arrivé ; qui vit le reniement de l’autre comme une trahison du passé !
Si je parle de séparation amoureuse, c’est parce que Jean-Louis Fournier et Marie étaient très proches, complice, d’un même esprit frondeur.
Ce n’est pas le fait qu’elle est trouvée l’homme de sa vie qui crée le tourment paternel, tout parent sait ce départ inéluctable, non, c’est sa rencontre avec la foi catholique qui a complètement transformé, aux yeux du papa qu’il est, le caractère bonne vivante de sa fille, ce qu’elle était avant, ce dont il était fier.
Je ne m’aventurerais pas à juger le bien-fondé de l’un ou de l’autre. Je comprends totalement le malaise de Marie, dont la lettre en réponse digne et sobre figure en conclusion du livre, devant l’étalement en place publique de leur histoire, tout comme j’admets la volonté et le besoin du père de pousser ce cri de désespoir.
Et comme il est écrivain il en a fait un livre émouvant, triste, dur, drôle…
Inique diront certain…

8 réactions
1 De Cristophe
- 26/10/2013, 16:58
Je ne l'ai pas lu, j'imagine que c'est un peu comme son "Où on va papa ?" où il s'adressait à ses fils, de la vraie vie à la base, ensuite transformée littérairement, donc un livre pas à prendre au pied de la lettre pour de la vérité vraie, mais avec beaucoup de vrai quand même ; un truc ambigu. Cela ne me dérange pas (il m'arrive de faire pareil à mon petit petit niveau), mais j'ai parfois eu l'impression que certaines personnes pouvaient prendre ça presque comme un témoignage documentaire et cela donne source à polémiques. "Où on va papa ?" est une œuvre littéraire avec une part d'invention ; il se peut fort que "La servante du Seigneur" soit du même acabit, j'imagine...
2 De Niou
- 26/10/2013, 18:37
J'aime beaucoup l'humour (cynique) de Fournier, à la Desproges... forcément.
Tu me donnes envie de lire ce livre... 160 pages c'est l'histoire d'une heure tout au plus et sincèrement il y peu de chances qu'il me déçoive.
Marie... Un prénom prédestiné.
3 De K
- 26/10/2013, 19:59
Evidemment, une polémique à deux balles, l’éternelle question du passage à la littérature à partir d’éléments réels, bref...que du nouveau
Je préfère n’en rien savoir pour appréhender le truc tranquillement, j’ai pas besoin qu’on me file les clés avant, surtout si j’ai rien demandé. Juste le titre et la 4e de couverture, je sais si je prends ou pas. Le reste ... est littérature, justement !
Parce que ce que je trouve un peu beaucoup pénible - de nos jours désormais - c'est les putains d'odeurs de cuisine qu'on se croit obligé de nous livrer - non, pardon, qu'on nous inflige pour des raisons de promo- et dont on se passerait aisément, alors qu'elles viennent polluer le plaisir potentiel du lecteur.
Je ne sais pas si le bouquin entre complètement là-dedans, mais en tout cas, ça donne pas envie -pour ma part- (Fournier ou quelqu'un d'autre) et je comprends le malaise de la fille quels que soient ses choix.
Y sont infoutus d’en parler entre quatre zyeux ?
Elle pourra lui demander "où tu vas papa ?"
4 De Gilsoub
- 27/10/2013, 01:04
@Cristophe : Il est plus direct dans celui là, moins romancé, peut-être parce qu'il s'adresse non pas à des enfants handicapé qui certainement ne liront jamais son livre, mais bien à sa fille adulte et en pleine capacité de ces moyens intellectuels, aptes à répondre ce que d'ailleurs elle à fait. C'est la vision du narrateur sur une situation de fait donné.
@Niou : Oui il se lit très vite puisque certaine page ne font que quelques ligne. Ce ne sont pas des histoire, juste des réflexion sur une ou deux page. Si tu aime son style, mélangeant humour noire, cynisme et auto-dérisation, tu aimera.
@K : Pour être honnête, en achetant le livre je n'étais pas au courant de la polémique. L'auteur et la quatrième m'on suffit à l'acheter. Comme je l'ai dis, j'aime son style qui ressemble en beaucoup de point à ce que je peut écrire en privé. La polémique je ne l'ai vu qu'a la fin avec la lettre de sa fille, et ensuite en cherchant un peu sur internet. De ce livre, je n'y ai vu qu'un cri d'amour et de désespoir d'un père à sa fille. Après il ne m'appartient pas de juger ni le fond ni la méthode ; juste la forme en disant j'aime ou j'aime pas, si possible en argumentant, ce qui ne reste qu'un jugement subjectif personnel. Je ne lis pas un livre sur le fait qu'il fasse polémique ou pas, mais juste parce que j'aime ce que j'y lis ou qu'il m'intéresse par son sujet. Pour le reste je remarque que la fille n'as pas fait interdire sa publication, ce qu'elle aurait put, je le pense, légitimement et juridiquement faire. Elle s'est contenté, ce qui est tout à son honneur, d'une réponse de 2 pages.
Et je pense que l'explication entre 4 z'yeux à bien eu lieu
5 De K
- 27/10/2013, 10:31
Il est évident qu'on peut choisir ce livre sans rien savoir par ailleurs !
Et l'apprécier.
Cela aurait pu être mon cas
6 De Cécile - Une quadra
- 27/10/2013, 18:31
J'peux dire qu'il a pas de bl avec ses gosses ?
Je vais aller voir ça de plus près, j'aime bien m'sieur Fournier
7 De Cécile - Une quadra
- 27/10/2013, 18:31
Pas de bOl bien entendu
8 De Gilsoub
- 28/10/2013, 00:05
@K : En fait je lis rarement les articles sur les livres que je n'ai pas lu, ne suis pas abonné à des magazine sur les livres mais je fréquente ma librairie, fait confiance au conseil des blogueurs, de mon libraire, aux écrivains que j'ai aimé et de temps en temps au présentation d'un talk show quand un auteur sais vendre son bouquin ! et comme je suis éclectique dans mes lectures j'ai toujours un bouquin en poche (ma bibliothèque de l'année dans la colonne de droite !).
@cécile une quadra : C'est certain qu'il les accumule !!!