…croît aussi ce qui sauve !

C’est le titre du dernier ouvrage d’Hubert Reeves, astrophysicien et penseur, grand bonhomme à la voix gouleyante et aux yeux rieurs, un gars qui nous rend simple les mystères de l’univers quand il en cause ; un peu moins quand il les écrit.

Dans ce livre, autant scientifique que philosophique, il revient sur l’histoire extraordinaire de notre planète et de ce qui a fait que nous, les humains puissions y habiter, y vivre, y réfléchir et même écrire des bouquins. Sur les hasards des conditions cosmologiques extrêmement précises pour que le miracle de la vie ait lieu. Mélange de chimie et de physique qui fait qu’un jour le terrien est devenu ce qu’il est. 

C’est ce qu’il appelle « La belle histoire».

Et puis il y a l’autre, « la moins belle histoire», celle que l’homme, parce que rendu intelligent, ironie du sort, inflige à ce monde. Les destructions d’espace vert vitale, les disparitions d’espèce, la pollution à outrance et mille différents méfaits.

Il conclut son livre sur un message d’espoir par une réflexion sur la prise de conscience collective depuis une cinquantaine d’années ; le « réveil vert» comme il l’appelle. 

Cet opuscule nous pose beaucoup de questions sur ce que nous sommes, d’où nous venons et surtout où nous allons. Il nous remet en place dans un univers puissant et sans cesse en expansion où, finalement, nous n’existons qu’en tant que micro-poussière. 

Même sans les hommes la vie continuera sur terre…

Ce qui est agréable dans cette causerie, c’est qu’il ne juge pas, il ne prend pas d’autre parti que celui de l’observation. Il ne fait que constater avec tout le recul nécessaire au scientifique qu’il est, et surtout dans sa préface, il propose au lecteur, comme principe de base, d’en faire autant :

« Il faut avoir le courage d’affronter la réalité, toute la réalité, dans toutes ses facettes, jusqu’à l’angoisse », écrivait Martin Heidegger. J’invite chaque lecteur à participer à cette réflexion, sans dogmatisme, avec la plus grande liberté d’esprit possible. Je propose une attitude dite de « jugements réservés ». On peut l’expliciter par cette phrase : « j’observe le phénomène et je réserve mon jugement. Toute observation d’un phénomène naturel est potentiellement porteuse d’un message sur la nature de la réalité. Une interprétation active et insuffisamment réfléchie peut en masquer l’accès. » Rester ouvert à l’étonnement. Ne pas refuser les faits, même s’il semble incompréhensible, dérangeant ou angoissant. À ce titre seulement, leur connaissance peut nous venir en aide. C’est le pari que nous acceptons en commun de faire ici.


Là où croît le péril… croît aussi ce qui sauve
Hubert Reeves
Ed. Seuil