Longtemps que je n’ai pas discuté ici des livres que je viens de bouquiner, et pour cause, je suis bien embêté pour vous en donner mon sentiment.
Les deux derniers, autobiographiques, parlent d’enfance plus ou moins difficile, d’ambiance familiale délétère ; pour autant chacun des narrateurs s’en sort de manière différente.
Si le premier se pose en victime permanente, le second se sert de cela pour devenir plus fort !
Ce qui m’a posé problème dans le premier ouvrage, c’est que, ayant vu son auteur invité au journal de France 2, je n’ai pas eu dû tout envie de le lire.
Des choses qui arrivent des fois…
Et puis, partout dans les articles que je consulte, sur les pages Facebook des amis, dans leur blogue, ce n’est que superlatif pour encenser ce roman.
J’ai nommé « En finir avec Eddy Belegueule » d’Édouard Louis en tête des ventes de ma librairie favorite et que j’ai donc finis par acheter pour ne pas mourir idiot.

Que vous dire d’autre, qu’en ce qui me concerne, ce fut une déception littéraire !
Je n’arrive pas à comprendre, en dehors de l’empathie évidente que l’on ressent face aux horreurs que le héros subit, l’engouement général, ce qui vaut tout le battage médiatique soigneusement orchestré sur cette aventure.
Pour résumer, c’est l’histoire dramatique d’un petit garçon qui se découvre homosexuel. Il est d’une famille pauvre et rustre du nord de la France, entre courant d’air, alcool, violence et chômage. À cause de sa différence il endure les brimades des uns et des autres. En plein débat sur le mariage pour tous, il s’y décrit en victime d’une société arriérée et brutal, que je trouve limite caricature.
Une chose m’étonne : bien qu’estampillé « Roman », le narrateur explique partout qu’il s’agit bien de son vécu réel, comme si cette qualification n’était ici que comme rempart à d’éventuels procès ; « Ah oui, mais non ce sont des personnages fictifs voyons… ». Au vu de la polémique avec sa famille et son village, sûrement n’a-t-il pas eu tout à fait tort. À leur place, je pense que je n’aurais pas franchement apprécié !
D’ailleurs je me demande dans quelle mesure tout cela n’est pas un immense règlement de compte entre l’auteur et les siens, ce qui en soi n’est pas nouveau chez les écrivains, sauf que là, le côté littéraire m’échappe complètement.
Pour ma part, cela ne restera pas le bouquin de l’année, mais bon, au vu de l’engouement général je peux me tromper !
Le deuxième livre est celui de Pascal Bruckner, « Un bon fils », qui parle de son enfance avec un papa facho, dans le strict sens du terme : antisémite, raciste et qui battait sa femme.

Pour être honnête, je ne suis pas un fan de Bruckner, dont certaines positions m’ont des fois hérissé les poils, mais son histoire est intéressante sur les liens secrets de haine et d’amour en même temps qui peuvent lier un père et son fils.
Très vite, comme souvent les garçons à un certain âge, il s’est démarqué des idées de son géniteur pour se mesurer à lui, de plus en plus frontalement les années venant, se posant également en défenseur de sa mère. Et en même temps, en bon fils qu’il est, il n’arrivera jamais à se défaire de ses attaches filiales, il ne pourra se résoudre à abandonner son père dont tout l’oppose et qui lui mène la vie dure jusqu’à la fin de ses jours.
Dans ce livre, que pour le coup il assume complètement —contrairement à Édouard Louis— comme autobiographique, sont bien décrits les liens étranges qui des fois unissent parents et enfants.
Imaginez-vous, alors que vous vous recueillez à la morgue de l’hôpital devant le corps de votre mère qui vient de mourir, dire à votre père : « Ce n’est pas elle qui devrait être là, c’est toi ! ».
Seule le chapitre central de se livre m’a un peu ennuyé quand brusquement l’auteur se met à divaguer sur le pourquoi de ses idées, de sa philosophie, de sa grande amitié avec Finkelkraut, avant d’en revenir enfin au sujet principal …
Pour résumer, s’il y en a un des deux à lire, sans hésitation prenez « Un bon fils », mais honnêtement, que ce soit l’un ou l’autre, si les rapport parents/enfants ne vous passionne pas plus que cela, votre été peut très bien s’en passer…
7 réactions
1 De Ksé
- 21/06/2014, 17:27
J'ai pour principe que la meilleure critique en laquelle on puisse avoir confiance, c'est de lire soi-même les ouvrages et de s'en faire une opinion personnelle. Je tiens très peu compte des avis émis. Peut-être parce que je partage rarement le goût des autres (et inversement)
2 De Cécile - Une quadra
- 21/06/2014, 20:15
Tiens voilà ce que je disait sur Eddy Belleguelle dans un groupe d'échange sur nos lectures :
Alors cette nuit, suite à une discussion de l'après midi à ce sujet, je me suis lu "En finir avec Eddy Bellegueule" de Edouard LOUIS. (c'est ça qui est bien aussi avec la liseuse, une envie de bouquin bien précis à une heure indue, hop je commande et j'ai de suite sur la machine et je peux commencer à lire même à 23h00 :D )
Oui, bon... C'est particulier comme bouquin déjà, ne serais ce que par le thème et la localisation (qui je connais bien ayant vécu pas très loin de là-bas dans un mini bled de 276 habitants)
Donc l'histoire en elle même oui en effet les brimades vécues and co sont tout à fait réalistes, les conditions de vie sont plus sujettes à caution, que quelques familles dans un village vivent ainsi oui ça arrive toujours mais d'après lui c'est quasi la moitié du village et là ça me laisse une sensation qu'il a voulu faire du misérabilisme vendeur.
Soit disant qu'il y a les propos en VO, du picard pur et dur... oui bon je n'y ai vu que de lamentables et littéraires essais, pas un mot de patois, pas une tournure qui fasse tilte, à ce niveau zéro pointé.
C'est pas vraiment mal écrit mais assez verbeux, ça hésites entre le témoignage populaire, voire populiste, et le truc très écrit.
C'est efficace puisque lu en +/- 3h d'une traite hier soir, même si la fin trainait un peu à mon gout.
Par contre je ne retiendrai pas les qualificatifs qui tournent autour de ce livre, genre livre choc, oui bon ben non, j'ai pas trouvé si livre choc, coup de poing que ça, témoignage oui et non je suis pas convaincue par tout ce que j'ai pu y lire.
Une fois la lecture faite comme j'avais pas encore envie de dormir je suis allée en voir plus sur ce livre et j'ai vu que la famille n'était pas d'accord sur le contenu du bouquin (on peut les comprendre) mais en fait ça rejoint un peu l'impression que ça m'a laissé à la lecture, il en a rajouté pour faire vendre, c'est pas un crime mais alors on parle de bio romancée, pas de témoignage.
Puis j'ai vu des vidéos d'entretien de l'auteur et là je me suis dit que si je l'avais vu avant je n'aurai jamais lu son bouquin. Il est franchement à la limite du pédant, puant, suffisant, et est très chiant à écouter car il s'écoute parler et est très content de lui (certes en être là où il est à son age on peut être satisfait mais là il frôle la fatuité).
J'ai ainsi trouvé ce qui me laissait un gout pas super dans son bouquin, il se regarde un peu trop écrire.
Mais vous pouvez essayer, c'est pas mal et ça rempli bien un déplacement en train par exemple, ça se lit vite... Mais c'est pas rigolo.
3 De lilou la teigne
- 21/06/2014, 20:29
En parlant de livre, hier soir on m'a offert : La listes de mes envies de Grégoire Delacourt.
Livre finit très sympa et il laisse l'envie de créer sa propre liste.
Je dit cela, je dis rien......
4 De Gilsoub
- 22/06/2014, 00:00
@Ksé : cela dépend, quand ma mère me conseille un livre je sais que serais rarement déçus, j'écoute souvent les avis des uns et des autres, mais des fois... Sur le coup je pense que l'émotionnelle à pris le dessus sur les qualité intrinsèque du bouquin

on m'en a déjà parlé, et en bien
Merci...
@Cécile une quadra : Bon au final on est assez d'accord, va savoir pourquoi, mais je n'en suis pas étonné
@Lilou la teigne : Je note et met cela dans ma petite liste
5 De la bacchante
- 22/06/2014, 08:23
Pour Eddy Bellegueule, je m'attendais à trouver une écriture nouvelle. Déçue.
6 De champagne
- 22/06/2014, 18:15
j'ai écouté l'auteur du premier à " la grande librairie" et il ne m'avait pas convaincu. j'ai rayé alors le litre sur ma liste.
7 De Gilsoub
- 22/06/2014, 22:25
@La bacchante : juste une écriture "mode"

@Champagne : une bonne économie je pense