De temps en temps, il y a un Ovni littéraire qui vous tombe dans les pattes.

C’est un peu le cas du livre de Christophe Donner qui se balade entre roman et biographie. Une sorte d’histoire du cinéma français des années 60 et 70 à travers un imbroglio familiale et des personnages réels. Jean Pierre Rassam, fils d’un riche Libannais qui va devenir producteur d’abord avec son ami et beau frère Claude Berry, puis, fâché, en concurrence avec lui ! la soeur de Claude Berry, quand à elle, écrit et couche avec Pialat le maudit qui ne supporte pas le succès, selon lui illégitime, des premiers films de Berry… 

Au milieu de cet embrouillamini , passe François Truffaut, Godard, Jean Yann et tous ceux qui font le cinéma d’alors dans une plongée vertigineuse de tous les excès de ce milieu bien particuliers.

Toute l’histoire, dans ses grandes lignes, est rigoureusement exacte, la fiction se retrouve dans les dialogues et les scènes telles que l’auteur a imaginé la manière, dont cela, avaient pu se passer.

Mené à la façon d’un polar, je pense néanmoins qu’il faut aimer le cinéma pour en retirer toute la substantifique moelle…

Quoique…

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4e de couverture :

Qui se souvient de cette folle ambition : le cinéma va changer le monde ? Démiurges au centre de l’intrigue, un trio de meilleurs amis qui vont devenir les beaux-frères ennemis : Jean-Pierre Rassam, Claude Berri, Maurice Pialat. La soeur du premier, Anne-Marie, épouse le deuxième, dont la soeur, Arlette, vit avec le troisième. Ils ne vieilliront pas ensemble. Autour d’eux, Christophe Donner fait tourner la ronde non autorisée des seventies : Raoul Lévy, Brigitte Bardot, Jean Yanne, Macha Méril, Jean-Louis Trintignant, Éric Rohmer, Sami Frey… La grande histoire crève le grand écran : Mai 68 terrorisant le festival de Cannes ; Rassam et Berri à bord de la Mercedes de Truffaut allant sauver les enfants de Milos Forman dans une Prague envahie par les chars soviétiques ; l’improbable épopée de Godard dans les camps d’entraînement palestiniens. Et puis, gueule de bois : après la grande bouffe des utopies, tous y en ont vouloir des sous ! Cinéastes grandioses, producteurs têtes brûlées, alcool à haute dose, parties de poker, de sexe et de drogue : des vies qui sont des films, des films qui mettent la vie en danger. Car on se tue beaucoup en ce temps-là, quand on joue encore vraiment sa peau avec l’art? Orson Welles peut lâcher sa malédiction ironique : « Quiconque exerce ce métier stupide mérite tout ce qui lui arrive. »