Ce matin, dès le réveil, au premier coup d’œil sur l’écran de mon téléphone je sus que la journée se passerait sous l’angle de la tristesse.

Deux hélicos par terre, 10 morts, une équipe technique et 3 étoiles du sport français, dont Florence Arthaud…

 

Florence, je l’ai croisée une fois, rapidement, dans les années quatre-vingt-dix alors qu’elle était au firmament de sa gloire. Je lui avais dit toute mon admiration, elle m’avait répondu d’un merci timide et gêné, accompagné d’un beau sourire.

 

Florence, je suivais toutes ses compétitions et elle faisait souvent partie de mes favoris. J’ai vibré quand elle a gagné la route du rhum, heureux de la savoir victorieuse face à la horde de skipper mâle et expérimenté de la course au large, qu’elle a laissé loin derrière elle.

 

J’ai toujours aimé les gens iconoclastes, et sans conteste elle l’était !

Femme et grand marin dans un monde jusque-là considéré comme masculin et macho, milieu qui dans l’imaginaire populaire voit davantage les filles comme réconfort du navigateur quand il est au port plutôt qu’en capitaine chevronné du plus beau des navires.

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Magnifique photo de Thierry Martinez

Elle est venue provoquer et battre les hommes sur ce qu’ils estimaient être leur terrain de jeux, elle a conquis leur respect et leur admiration ; de plus, elle était jolie, ce qui, avouons-le, ne gâche rien au tableau.

 

Florence Arthaud a certainement ouvert et facilité la voie de la course au large aux autres femmes qui lui ont succédé.
Isabelle Autissier, Catherine Chabaud, Ellen MacArthur, Anne Liardet, Karen Leibovici, Dee Caffari ou encore Samantha Davis qui participe actuellement à la Volvo Ocean Race avec un équipage entièrement féminin, lui doivent Sûrement beaucoup, ne serait-ce que de leur avoir montré que c’était possible.

 

Sa biographie devait sortir en mai, son titre presque prémonitoire : cette nuit la mer est noire.

 

Vivre de et pour la mer et mourir en plein ciel, je trouve cela un tantinet ironique.

 

Plusieurs fois elle a échappé à la mort, un accident de voiture à 17 ans, puis plus tard, en course parce que c’était son métier, il y a deux ans encore quand elle est tombée à l’eau alors qu’elle était seule sur son bateau au large de la Corse, sauvée par son téléphone portable étanche !

 

Ce soir j’imagine la grande dame noire, sa faux à la main, un sourire sardonique sur le visage comme pour dire : « ce coup-ci, je t’ai eu ! »

 

 

Et les autres me direz-vous ? Je suis triste pour leurs Familles. Camille m’avait fait vibrer en direct devant ma TV, durant les JO, Alexis Vatine, je me souviens juste de ses larmes de désespoir pour ce qu’il considérait comme une injustice, un soir au journal télévisé ; la boxe n’a jamais été ma tasse de thé

 

Florence, elle, était une de mes icônes…

 

Salut, petite fiancée de l’Atlantique…

 

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Le mot du jour : Sardonique.
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