Quelle étrange livre que cet « Eden Utopie » de Fabrice Humbert !

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En fait tout a commencé un soir, à la TV, dans l’émission littéraire « Dans quelle éta-gère » ; j’entends le nom de ma ville, et puis le nom d’une association dont je suis membre, puis des noms de famille qui ne me sont pas inconnus…

 

On parle de gens dont je connais très bien les descendants, dont certains font partie de mes meilleurs amis, d’un lieu/association que j’ai fréquenté une grande partie de mon enfance et qui existe toujours ; d’histoire dont, pour certaines, j’avais déjà entendu parler…

Pour vous donner un exemple, le pasteur dont on parle beaucoup dans ce livre est celui qui a appris à mon pére l’appiculture et installé nos premiéres ruches…

Le monde est petit des fois…

 

Fabrice Humbert nous raconte ici sous forme de roman autobiographique, très proche de la réalité, son histoire familiale, entre famille ouvrière et famille bourgeoise, au sein de l’association laïque d’inspiration protestante qu’est « La fraternité » de Clamart.

 

C’est d’ailleurs là que le bât blesse, les personnes concernées qui ont lu le livre sont unanimes pour dire que dans l’ensemble l’histoire est vraie et bien racontée dans le respect de chacun des protagonistes, mais tous ceux qui la connaissent  se demandent bien pourquoi il attribue la création de cette association, une des clefs de ce livre, en 1946 à ses principaux personnages alors que celle-ci avait déjà 23 ans quand débute son récit.

Sûrement sans importance pour le lecteur lambda, mais pour nous…

 

Ce doit être pour cela qu’il y a marqué « Roman »…

 

Voilà, il est étrange de retrouver dans un roman des gens que vous avez côtoyés, eux ou leur descendant, dans des lieux qui vous sont familiers, avec une histoire dont vous connaissiez déjà quelques bribes.

Mis à part le fait que c’est une très belle écriture, je peux difficilement me prononcer sur l’intérêt ou pas de ce roman, vous conseiller ou pas de le lire quant à l’intérêt de l’histoire, je ne puis être totalement objectif ; mais j’ai bien aimé !
 

4° de couverture :

 

Au début du XXe siècle, une jeune fille perd sa mère et est élevée en compagnie d’une cousine qu’elle considère comme sa sœur. Elle fait un mauvais mariage, doit abandonner ses enfants, gagne sa vie par tous les moyens. Sa cousine, de son côté, fait un beau mariage et mène une vie heureuse et prospère. Toutefois, l’écart des destins n’empêche pas les deux femmes de se voir chaque semaine. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, leurs deux familles créent une étrange communauté utopique qui a pour nom la Fraternité. À partir des années 1960, la France se transforme, les idéaux évoluent aussi et les descendants de la Fraternité tentent d’appliquer dans leur vie ce qu’ils ont appris au cours de leur enfance : l’un d’entre eux devient Premier ministre sous la Ve République, une autre choisit les voies de la gauche radicale et fait malgré elle partie du groupe terroriste français « Action directe ». Mais pour les autres, et notamment pour l’auteur, quelle utopie est encore possible de nos jours ?

Roman d’une des aventures les plus secrètes et les plus intenses du XX° siècle, ce livre est l’histoire d’une double famille, celle de Fabrice Humbert, qui signe ici une éblouissante plongée dans les passions et les utopies des êtres et des sociétés.

 

 

 

Citation :

« Je trouve beaucoup moins con de vouloir changer le monde à 16 ans que de jouer au jeu vidéo et de chercher des images pornos toute la nuit sur Internet. Mais je ne lui dis pas, je le laisse parler. »

 

 

« Le pire des dangers, en histoire, c’est l’anachronisme. Cela semble proche, mais c’est très loin, parce que l’esprit du temps a changé. »

 

 

« Le texte intégral témoigne à la fois de quelques problèmes d’orthographe et d’un sens remarquable de la novlangue. L’impérialisme dans les centres est assez fort, de même que l’élément de l’avancée prolétarienne globale. Pour tuer, il faut déformer le monde et le premier moyen de le déformer et le langage. Les idéologies sont d’abord des détournements du langage et AD n’y a pas échappé, même si ce n’est en rien réservé à l’extrême gauche. » (NDR : à propos d’un texte de revendication d’assassinat d’action directe.)

 

 

« Mais la roue tournait, en rotations brutales ou plus lentes, selon les destins, et, quel que soit le sommet, la chute avait suivi, une chute inexorable qui n’était que la loi simple et implacable du temps et qui n’aurait peut-être pas été si dure à accepter s’il n’y avait pas le malheur des destructions, des maladies – affolante rotation qui plaçait sa victime en face de la nuit. »

 

 

« Quelques jours plus tard, deux avions s’écrasaient contre les tours du World Trade Center (…/…) J’ai parfois pensé à cette fille qui m’avait humilié, me demandant si elle faisait partie des morts. Ben Laden la haïssait pour tout ce qu’elle était : blanche, américaine, matérialiste et vulgaire, basse. Comme AD, avec la même furie, le même aveuglement, avait jadis haï les représentants du capitalisme. Parce que le monde était encore plus fou, la tragédie était d’une ampleur inconcevable. Tous, ils ne savaient qu’haïr l’autre, se combattre et se tuer. »