Je suis un peu déçu par « Frisson D’assise » de Stéphane Durand-Souffland.

Le sujet m’intéressait.

Au-delà de la justice elle-même, la psychologie d’une audience, les tensions, le doute, l’humain, tout ce qui fait qu’un procès, brusquement, bascule dans une autre dimension, vers un acquittement ou une condamnation pas toujours prévus me captive. 

Entre les ténors du barreau, les témoins, les révélations de dernière minute, les peurs, les souffrances, l’arrogance, la foule et ses vindictes populaires, voici des questions passionnantes.

Si les exemples vécus par ce journaliste sont pour la plupart probants, c’est surtout côté stylistique que j’ai lâché. Un manque criant de suspens (même si nous connaissons tous peu ou prou le résultat de ses jugements médiatique), une écriture qui ne fait que raconter, sans force, sans vraiment d’âmes. Une bonne retranscription des faits, mais sans passion, il n’y a pas ce petit plus qui m’aurait transporté quelques minutes dans un coin caché du tribunal, cette once d’émotion, ce je-ne-sais-quoi qui fait que le cœur brusquement s’emballe un petit peu.

 

À lire pour le côté documents, parce que cela reste toujours intéressant, surtout avec cet angle inédit et original que nous propose l’auteur…

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4e de couverture :

Tous les grands procès d’assises connaissent un point de bascule, un moment précis qui résume l’audience et, parfois, en détermine l’issue. Revirement spectaculaire d’un témoin, aveux inattendus d’un accusé, plaidoirie d’un avocat, ces instants constituent un condensé d’émotion et de tragédie. Ils font de la cour d’assises un théâtre du réel.

Guy Georges, Michel Fourniret, Yvan Colonna, Jacques Viguier, Jean-Michel Bissonnet, Outreau… Les procès importants de ces dix dernières années ont donné lieu à des scènes d’anthologie judiciaires, racontées dans ce livre par un journaliste qui les a vécues. Témoin privilégié de ces procès, toujours très informé du dossier d’instruction, Stéphane Durand-Souffland sait en reconstituer l’histoire, les personnages et l’atmosphère. Au-delà de son métier de chroniqueur, il parvient à en restituer le ressort dramatique, la finesse souvent diabolique des rouages et surtout l’intense émotion.

 

 

Citation :

 

C’est maintenant que l’audience va basculer dans le burlesque. Six semaines affreuses pèsent sur la cour. Il suffit d’une étincelle pour que le sérieux explose.

La voici.

Le président lit un procès-verbal dans lequel Monique Olivier affirme que son ancien compagnon lui a fait subir le supplice de la baignoire. Le magistrat demande au témoin si c’est exact.

André M. au président Latapie, d’un air excédé :

“Ce soir, en rentrant chez vous, essayez d’amener votre dame devant la baignoire, vous verrez ! Il faut être trois pour ça, deux qui la tiennent…”

Un fou rire irrépressible s’empare de la cour d’assises. Michel Fourniret est hilare, les parties civiles se tiennent les côtes. Le président tente de reprendre ses esprits. Il en vient à un second épisode allégué par Monique Olivier : son ex-compagnon l’aurait un jour conduite de force sur un échangeur autoroutier, où il l’aurait contrainte à avoir des relations intimes particulières avec des inconnus.

À nouveau, le magistrat demande au témoin s’il confirme.

André M. : “Madame n’avait pas besoin de moi pour ce genre de bêtises. (Au président) Essayez d’emmener votre femme quelque part ce soir et vous verrez. La fellation, c’est tout un art !”

Deuxième éclat de rire. Michel Fourniret s’amuse tellement qu’il en pleure.