Il existe des petits coins de paradis où ressurgissent des bribes d’enfances.

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J’ai repensé à cette discussion avec la belle amie qui, alors que nous devisions joyeusement, un soir sur la plage, m’a dit la chance que j’avais d’avoir un endroit où s’ancrait depuis des années mille et un souvenir, auquel je pouvais me raccrocher, qui me rendait heureux et que je pouvais partager ; qu’elle n’avait pas cette chance et essayait d’imaginer ce que cela pouvait faire !

Je résume, mais c’était bien l’idée.

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Ça m’avait touché, elle avait raison, ces petits cailloux temporels sont importants pour moi.

 

J’en étais là de mes réflexions, ce matin en posant les pieds dans ce « Camping » privé, caché au bout de la pointe de la plage de Boudry, juste au bord du lac.

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Terrain au milieu des bois interdit au campeur de passage, lieu magique de l’enfance, où les caravanes datent pour la plupart des années quatre-vingt, toutes recouvertes et doublées de maisonnettes bricolées, d’espaces de coolitude aménagés, de terrasses plus ou moins kitch.

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Endroit rescapé d’une autre époque, alignement anarchique, pas d’électricité, ni eau courante ; les sanitaires, refaits depuis peu, à 5 minutes, sont communs à ceux de la buvette de la plage.

Tout le monde se connaît, se dit bonjour, bonsoir, bon appétit, bon apéro…

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Un lieu hors norme, dans tous les sens du terme ; d’ailleurs, pour cette raison, quelques tatillons ont déjà essayé de le faire fermer. Et l’Helvète tatillon peut être redoutable !

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Je sirote ma bière devant cette caravane hors d’âge qui s’appelle « + qu’heureux » et qui contient tant de souvenir, de nuit passée ici avec les cousines, des ronflements du tonton qui faisait trembler tout le camping, de cette plage avec son radeau qui me paraissait alors si loin, de ma fierté la première fois que je l’ai atteint, de ma peur du retour devant l’effort déjà fourni, des plongeurs, nombreux, dans leur étrange combinaison qui partaient à la découverte des profondeurs du lac, du cornet chocolat vanille du goûter, de la clef à prendre pour la grosse commission, des mini-paquets de chips avec leur Jouet plastoc cadeau dedans, de la tapette à mouches sur la table, des planeurs qui décollait de la piste d’à côté, des poulets à la broche qui tournait toute seule au-dessus des braises et de la soupe au pois que l’oncle concoctait dans le chaudron en fonte…

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Tous ses bouffés d’enfances qui me remontent avec une pointe de nostalgie, de tous ses bons moments passés ici, de l’insouciance des vacances, gamins que nous étions, quand le temps nous paraît alors infini…

 

Une petite boule à la gorge quand ils me disent que, vieillesse oblige, leurs vieux os ayant de plus en plus de mal à assumer leur rôle, c’est Sûrement la dernière année qu’ils viennent ici.

Qu’ils vont rendre leur place !

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Je suis retourné sur cette petite plage à la baignade maintenant protégé, voir ce radeau déplacé sur la droite, me balader sur les bords du lac, à l’embouchure si calme de l’Areuse ; se rendre compte que c’est peut-être la dernière fois…

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Je repense au mot de cette amie et jouis de ma chance d’être ici ; je me dis que ce lieu lui aurait bien plu aussi…