Quand, il y a quelques mois,  mon frère m’a demandé : « Il y a Benjamin Clementine qui passe au grand Rex le 7 novembre, ça te dit ? », j’ai répondu que je ne connaissais pas.

 

Un tour sur Deezer, et à la deuxième chanson, je lui envoyais un SMS « OK, tu peux me prendre une place ! »

 

Ouach !!! La voix du mec, juste grandiose, un truc à te faire dresser les poils ! Le genre de petit jeune sur qui tu es prêt à parier une belle carrière !

 

 

Et le 7 novembre, c’était hier et nous étions au rendez-vous, à 20h pétante, dans les confortables fauteuils du Grand Rex. Finalement la première partie partie n’est jamais apparue sur scène, et donc nous avons patienté presque une heure avant que la salle ne s’éteigne. 

Bon…

Il y a dû avoir un bug…

 

Il est presque 21 heures quand le spectacle débute par une espèce de clair-obscur sur une déco faite de mannequin blanc représentant des femmes enceintes, des enfants filles et garçons de plusieurs tailles et un « mâle » assis sur une chaise. Une musique un rytmique envoutante et trois personnes qui tournent entre le décor et deux grandes plateformes destinées aux musiciens. Deux d’entre eux finissent par se mettre l’un à la batterie l’autre à la basse tandis que le troisième, Benjamin Clementine himself, commence à chanter de cette voix chaude et puissante tout en continuant à bouger sur une mise en scène étrange et pour tout dire assez déroutante. Un peu l’impression que tout cela a été pensé vite et mal répété !

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Passé le cap de l’étonnement, et même si je ne comprends pas toute la symbolique de ce que l’on me propose, je me laisse prendre au jeu ; j’aime bien être surpris et puis la voix et la musique sont là, et c’est bien l’essentiel.

Je vous passe le moment où il se bat durant trois minutes avec un drapeau américain qu’il n’arrive pas à déplier pour en habiller un des mannequins. Il faut dire que faire cela d’une main, tandis que l’autre tient le micro dans lequel il parle au public en même temps… 

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Ça fait un peu amateur…

 

Mais la musique est toujours là et c’est pour « Jupiter » une chanson de son dernier album qu’il fait tous ces efforts !

 

Dans le noir on voit arrivée sur scène un piano, bruit de micro, ballet de frontal, ce ne sont pas les backliner les plus rapides que je connaisse, finalement c’est fait, laissant sous l’instrument un gros tas de câbles très disgracieux…

 

Benjamin revient sur scène, s’assoit derrière le piano, ajuste ses oreillettes, trifouilles un truc dans ces  poches, veut régler la hauteur du micro et la perche lui reste dans les mains se désolidarisant du reste du pied ; j’ai mal pour les techniciens, solidarité professionnelle oblige…

Un gars apparait sur scène se débat sans succès avec les deux parties du pied, toujours des bruits de micro désagréable ce dernier n’ayant pas été coupé en régie. Dans un ultime « Ponk » il est posé au sol tandis le support repart en coulisse. Benjamin Clementine reste debout fasse au piano, raide comme un piquet, comme s’il se retenait de ne pas exploser, décidément cette soirée…

 

Encore de longues minutes, finalement l’objet du délit revient réparé, le micro (ponk!) rejoint sa place, et le show peut reprendre. 

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L’artiste se rassoit, sans un mot, retrifouille ses oreillettes, les réglages dans sa poche, positionne le micro et commence à jouer et chanter « I won’t complain » qu’il semble faire durer…

Brusquement, il se lève continuant à chanter à capela et sans micro, le refrain final, comme une ritournelle incessante tout en tournant autour du piano 

 

« Though my good days are far gone

They will surely come back one morn

So I won’t, I won’t Complain »

 

la salle finis par reprendre en coeur avec lui dans un beau moment de communion, et c’est chouette. 

 

Quand il s’arrête, la lumière se rallume sous les applaudissements, et il présente ses deux musiciens qui semblent un peu étonnés et prit de cour, puis s’adressant a la salle, il lâche un laconique : « j’espère que ce n’était pas trop fort, maintenant c’est fini » 

 

et disparais en coulisse sous les applaudissements d’un public qui n’a pas encore compris que le concert s’achève là, prématurément, après à peine une heure. C’est d’abord les traditionnels rappels, et comme rien ne bouge, les huées et les sifflements finissent par se faire entendre ; rien n’y fait. Le coup de grâce sera quand un roadie viendra débrancher l’ampli de la basse faisant exploser l’enceinte ! Aucune annonce, rien ; dégagez, il n’y a plus rien à voir ni écouter !

 

Le professionnel que je suis dirait une impression de beaucoup d’amateurisme dans tout ça, et je serais curieux de connaitre les dessous de l’affaire !

Surtout qu’apparemment, si j’en crois Sud ouest, le concert de la veille à Bordeaux était tout aussi raté !

 

Dommage, cela aurait pu être une bonne soirée…

 

Je me consolerais ce soir à l’Olympia, hasard des dates, c’est Texas qui est sur scène, et là, je sais que c’est une valeur sure !