JOURNAL DE LA LIBÉRATION DE PARIS du mercredi 16 août au samedi 26 août 1944 
par mon Grand-père (Découvert au milieu de journaux de l’époque, retranscrit par mon frère) 

 

Nous sortons à 9h. Tout le monde parle de l’arrivée de la DIVISION LECLERC par le Pont de SÈVRES. Nous courons à la porte de SAINT CLOUD, par la rue MICHEL ANGE encore barricadée et qui sera débloquée dans une heure. Une heure d’attente ; puis coups de feu très rapprochés. Ce sont quelques centaines de boches qui s’avancent vers le Pont de SÈVRES pour accrocher les têtes de colonne de LECLERC. Le service d’ordre, assuré par les FFI fait évacuer la place et nous refoule dans les immeubles de la rue MICHEL ANGE. Hélène (sa femme, ma Grand-mére) rentre pour s’occuper des petits. Quelques autos FFI et américaines. Coups de feu intermittents. Flux et reflux de la foule dans la rue.

Vers midi, je décide de rentrer et rencontre Hélène qui revient avec les deux petits. En arrivant Place d’AUTEUIL, nous apprenons que les chars de LECLERC arrivent. Nous assistons au défilé de 300 voitures blindées. Nombreux arrêts dus aux barricades qui encombrent les rues. Enthousiasme. Cela dure jusqu’à 2h.

Après déjeuner, nous voyons passer Boulevard SUCHET quelques chars montant attaquer le réduit allemand de LA MUETTE. Canonnades jusqu’à la capitulation vers 5h. Nous voulons sortir, mais sommes arrêtés par de violentes rafales de mitrailleuses provenant de tous côtés, et en particulier de la place d’AUTEUIL. Cela dure tout l’après-midi.

Nous sortons après dîner. Le calme est revenu, mais la chasse à l’homme continue autour de certains immeubles d’où sont ou seraient partis des coups de feu. Des Allemands, miliciens ou autres sont cachés dans des appartements ou sur les toits et tirent sur les voitures alliées et sur la foule. Cela durera jusqu’à lundi. Il y a certainement une forte exagération due à l’énervement des hommes qui se chargent de la police. Plusieurs personnes ont été tuées ou blessées dans les rues.