Dans la série lecture de mes vacances, voici ce que je considère comme un petit bijou ; un bouquin qui d’une certaine manière m’a donné une baffe !

C’est un premier livre, c’est déjà un grand écrivain !

 

« À la ligne : Feuillets d’usine » est un premier roman (d’ailleurs je m’interroge toujours sur le terme « Roman » pour des livres dont l’auteur ne se cache pas qu’il  s’agit plus ou moins d’autobiographies ! ) de Joseph Ponthus que l’on pourrait qualifier de roman social.

 

Le narrateur a quitté son travail d’éducateur spécialisé pour suivre son amoureuse en Bretagne, et comme il faut bien gagner sa vie, il s’inscrit dans une agence d’intérim et découvre le boulot ouvrier, de nuit comme de jour, les 3 huit, le travail à la chaîne et la répétition des gestes d’abord dans  des conserveries de poissons puis dans des abattoirs ; de temps en  temps, de trop courtes missions le ramènent vers son vrai métier.

 

Pour supporter tout cela, il a écrit une sorte de journal, sous une forme de poésie en prose, sans aucune ponctuation.

Il y décrit ce monde de travail, de survie, la dureté de ses métiers de seconde zone, ses collègues, la hiérarchie et les chefs, bons ou mauvais, petits  ou grands, la solidarité les pleures et les rires…

 

Ses mots sont beaux, percutants, forts, puissants, lyriques…

 

Bref je conseille fortement !

4° de couverture :

 

À la ligne est le premier roman de Joseph Ponthus. C’est l’histoire d’un ouvrier intérimaire qui embauche dans les conserveries de poissons et les abattoirs bretons. Jour après jour, il inventorie avec une infinie précision les gestes du travail à la ligne, le bruit, la fatigue, les rêves confisqués dans la répétition de rituels épuisants, la souffrance du corps. Ce qui le sauve, c’est qu’il a eu une autre vie. Il connaît les auteurs latins, il a vibré avec Dumas, il sait les poèmes d’Apollinaire et les chansons de Trenet. C’est sa victoire provisoire contre tout ce qui fait mal, tout ce qui aliène. Et, en allant à la ligne, on trouvera dans les blancs du texte la femme aimée, le bonheur dominical, le chien Pok Pok, l’odeur de la mer.

Par la magie d’une écriture tour à tour distanciée, coléreuse, drôle, fraternelle, la vie ouvrière devient une odyssée où Ulysse combat des carcasses de bœufs et des tonnes de bulots comme autant de cyclopes.

 

Grand Prix RTL/Lire 2019

Prix Régine Deforges 2019

Prix Jean Amila-Meckert 2019

Prix du premier roman des lecteurs de la Ville de Paris 2019

 

Citation :

 

Certains ayant vécu une expérience de mort imminente assurent avoir traversé un long tunnel inondé de lumière blanche

Je peux assurer que le purgatoire est juste avant le tunnel de cuisson d’une ligne de bulots

Pourquoi donc continuer

Pour maintenir une production dont je n’ai rien à foutre

Pour tester mes limites

Pour me dire que le bulot n’aura pas ma peau mes bras mes reins mon dos et surtout mon crâne

C’est la viande verte de mon cerveau qui tient

Qui tiendra

 

 

 

Le travail précaire

Au gré des RH qui appellent l’intérim qui ruine toute organisation prolétaire pour covoiturer ou autre

Mais bien plus profondément de manière insidieuse

Je prends un exemple

Tu travailles de nuit ou tu fais une sieste après le boulot

L’agence d’intérim t’appelle

Ton portable est coupé

Message au réveil

« Tu embauches deux heures plus tôt que d’habitude »

L’agence est fermée quand tu essaies de rappeler pour dire que tu ne peux pas

C’est trop tard

Tu devrais être déjà à ton poste

Un autre intérimaire te remplacera demain

 

 

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