Souvenir…

L’homme ouvrit l’armoire aux souvenirs, un relent de renfermé et de naphtaline lui sauta au nez, il décrocha la petite robe rouge et la mit en pleine lumière ; elle était toujours aussi belle.

Il se souvenait de la princesse qui l’avait habité et dont il ne pouvait alors se passer ; la chaleur de son corps quand elle le désirait, son odeur envoûtante et musquée, sa chatte adorable où il faisait bon se glisser, de cette poitrine douce et ferme comme moulée pour ses mains, de ce cul affolant qu’il aimait embrasser.

Et sa bouche goulue à la langue joueuse, sa manière de gober à nul autre pareil, qui toujours certaines nuits hante ses rêves désormais solitaires.

Il la revoit encore comme aux premiers soirs, divinité faite femme pour s’offrir à lui, profitant de la vie, s’appropriant son vit.

De sa peau qu’il aimait parcourir de douces caresses parfois retenues, de ces envies inachevées, de ces maladroites hésitations, du regret de fantasme à jamais inavoué.

Il n’avait de cesse alors, qu’entre ses mains, elle se sente déesse amoureuse et comblée…

Et la vie passa sur eux, implacable maître du temps ; elle commença à l’oublier, d’abord lentement puis jusqu’à son nom…

Il ne fut au final qu’un parmi d’autres, mais jamais il ne l’oublia ; tout à l’heure encore il ira la voir ; il essayera de se rappeler que cette femme ridée au regard vide, assise dans ce salon au mur blanc aseptisé, qui lui dira « bonjours Monsieur », fut pleine d’une sulfureuse vigueur, qu’ils furent amants pour le meilleur et pour le pire…

La petite robe rouge est de nouveau rangée dans la penderie, l’homme s’observe dans le miroir, il se sent vieux et triste, il voudrait bien ne serait-ce qu’une heure remonter le temps ; retrouver leurs fougueuses jeunesses dans un ultime ébat…

Commentaires

1. Le lundi, novembre 10 2014, 10:10 par telophase

Super joli texte bravo ! :)

2. Le lundi, novembre 10 2014, 23:08 par Gilsoub

@Telophase : Merci :-)

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