Larme

(Jeu des 366 Alphabétiques expliqué là-bas.)

Si les larmes servaient de remède au malheur,
Et le pleurer pouvait la tristesse arrêter,
On devrait, Seigneur mien, les larmes acheter,
Et ne se trouverait rien si cher que le pleur.

Mais les pleurs en effet sont de nulle valeur :
Car soit qu’on ne se veuille en pleurant tourmenter,
Ou soit que nuit et jour on veuille lamenter,
On ne peut divertir le cours de la douleur.

Le cœur fait au cerveau cette humeur exhaler,
Et le cerveau la fait par les yeux dévaler,
Mais le mal par les yeux ne s’alambique pas.

De quoi donques nous sert ce fâcheux larmoyer ?
De jeter, comme on dit, l’huile sur le foyer,
Et perdre sans profit le repos et repas.

Sonnet LII du recueil Les Regrets de Joachim du Bellay

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Avant du Bellay, j’avais pensé à Henri Calet qui a écrit sur son agenda deux jours avant sa mort :

« C’est sur la peau de mon cœur que l’on trouverait des rides. Je suis déjà un peu parti, absent. Faites comme si je n’étais pas là. Ma voix ne porte plus très loin. Mourir sans savoir ce qu’est la mort, ni la vie. Il faut se quitter déjà ? Ne me secouez pas. Je suis plein de larmes. »

(J’avais déjà proposé de lire Henri Calet ici : La plus belle femme d’Europe.)

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Dans les extraits ci-dessus, le mot du jour est employé au pluriel. Si vous tenez au singulier, vous m’ennuyez un peu mais comme j’ai bon cœur, voici quand même une citation pour vous satisfaire : « Rien qu’une larme dans tes yeux et c’est déjà la fin du monde ». C’était une chanson de Mike Brant. Vous êtes content ?


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