Cauchemar de papier

Il avait une moustache jaune comme du papier maïs, le cheveu rare, une mine de papier mâché. Vêtu d’une vieille blouse grise élimée aux coudes, le bras gauche reposant sur un papier buvard, il accomplissait son travail de gratte-papier dans un bureau poussiéreux où les étagères croulaient sous les dossiers remplis de papiers timbrés, de pochettes de papier bulle, d’enveloppes en papier kraft gribouillées. Chaque chaise, chaque tabouret disparaissait sous les piles de paperasses entassées.
Accroché à la lampe qui répandait sur la table une chiche lumière jaune, une spirale collante de papier tue-mouches se balançait au moindre courant d’air.
L’homme était fatigué et, dans l’odeur entêtante du papier d’Arménie, doucement, il s’assoupit, les bras croisés sur les papiers éparpillés sur le bureau.
La nuit était tombée lorsqu’il émergea d’un lourd sommeil sans rêve.
La pièce baignait dans une douce lumière bleutée, elle lui sembla étrangement vaste.
Le contact d’un objet dur et froid le réveilla totalement. “Sac à papier! où sont passés mes dossiers?” s’écria-t-il en découvrant les étagères vides et les meubles débarrassés du fatras de papiers qui les encombrait.
Une boite, plate et noire, à charnières, était posée devant lui sur la table, le couvercle relevé. Il prit ses lunettes qui avaient glissé de son nez quand il s’était endormi et déchiffra ce qui était écrit au milieu de l’intérieur bleu clair du couvercle:



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