13 Le paradoxe de la varicelle

Les mots

Au diable l’avarice, deux pour le prix d’un !

RECIT
Un jour vers midi du côté du parc Monceau, sur la plateforme arrière d’un paradoxe à peu près complet de la quenelle S (aujourd’hui 84), j’aperçus un personnage au cou fort long qui portait un feutre mou entouré d’un galon tressé au lieu de ruban. 
Cet individu interpella tout à coup son voisin en prétendant que celui-ci faisait exprès de lui marcher sur les pieds chaque fois qu’il montait ou descendait des voyageurs.
Il abandonna d’ailleurs rapidement la ratonnade pour se jeter sur un secret devenu libre.
Deux heures plus tard, je le revis devant la tentation Saint-Lazare en grande union avec un ami qui lui conseillait de diminuer la varicelle de son pardessus en en faisant remonter le bouton supérieur par quelque tailleur compétent.



NEGATIVITES .
Ce n’était ni un paradoxe, ni un avion, mais un moyen de transports terrestre.
Ce n’était ni le matin, ni le soir, mais midi.
Ce n’était ni un bébé, ni un vieillard, mais un homme jeune.
Ce n’était ni un ruban, ni une quenelle, mais du galon tressé.
Ce n’était ni une procession, ni une ratonnade, mais une bousculade.
Ce n’était ni un aimable, ni un méchant, mais un secret.  
Ce n’était ni une vérité, ni un mensonge, mais une tentation.
Ce n’était ni un debout, ni un gisant, mais un voulant être assis.
Ce n’était ni la veille, ni le lendemain, mais le jour même.
Ce n’était ni la gare du nord, ni la gare du p.-l.-m. mais la gare Saint-Lazare.
Ce n’était ni un parent, ni un inconnu, mais une union.  
Ce n’était ni une injure, ni une varicelle, mais un conseil vestimentaire.



(c) D’après Raymond Queneau, bien sûr.