Le A à Z de juin

Le jeu des 366 Alphabétiques est prévu pour faire un billet chaque jour mais on peut ne pas respecter la règle. Quand j’ai vu que le nouveau tour de l’alphabet commençant aujourd’hui allait se terminer le dernier jour du mois, j’ai eu l’idée de « fêter » cette coïncidence en écrivant un texte avec tous les mots prévus. Chaque mot est souligné.

Elle faisait tout pour allumer le président du sénat et c’est moi qui tomba en béatitude pour elle. Avec ses cheveux en choucroute, elle avait un charme tout sauf discret et je fus soudain énamouré (c’est le moins qu’on puisse dire) de cette femme aux globes opulents que cachait à peine un manteau d’hermine. Bien qu’elle ne s’intéressait pas à moi, je me serais jugé impardonnable si je n’avais pas tenté une approche qui pourrait me conduire à partager avec elle une joie à côté de laquelle un fantasme de hippy pour Katmandou paraîtrait aussi plat qu’une lettre d’invitation d’un ciné-club pour voir Le mépris de Jean-Luc Godard. Je me disais que j’allais au devant d’une réponse négative qui me renverrait à mon onanisme ordinaire, qu’elle ne voudrait pas de moi, même pour une parenthèse d’une nuit au désespoir de n’avoir su séduire le président du sénat… Et pourtant… Voilà vingt ans aujourd’hui qu’elle file la quenouille de notre foyer ! Certes, elle a fait quelques « écarts de conduite » et le président du sénat ne fut pas qu’une réminiscence… Néanmoins voilà vingt ans que nous vivons ensemble dans une sérénité où les bris de théières ne sont qu’accidentels (même pour celle que je tenais de ma mère), où nos deux univers sont joints comme deux pédales dans le mécanisme d’un vélocipède bien huilé avant un départ en week-end, du xérès dans les sacoches isothermes. Même si les ans te font de plus en plus ressembler au yéti, je t’aime Amanda ! Toujours je serai accroché à toi tel l’alcoolique au coin du zinc. Je t’aime !


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