Chambres à part (rattrapage du 30 mars)

Cette histoire de voisine pendue nous turlupine particulièrement une fois au lit, alors qu'on prend conscience que sa maison se trouve juste de l'autre côté de la rue. On commente tout juste à quel point la maison, volets fermés derrière son rideau de cèdres, va avoir des difficultés à trouver un acheteur, quand Soeurette regarde la veilleuse de sa montre et annonce qu'il est minuit. Je ne sais plus laquelle de nous deux a noté au passage "à quel point la chambre est noire, ici, la nuit!". Sans doute moi, le potentiel de trouillardise s'étant fortement concentré sur moi dans la famille pour épargner généreusement ma frangine.

Histoire de me représenter jusqu'à quel point au juste Soeurette est rationnellement scientifique et non-impressionnable, je l'invite à imaginer la maison de l'autre côté de la rue, plongée dans l'obscurité et le silence, avec les choses exactement en l'état où la pendue les as laissées. 'C'est pas possible, y a forcément des fantômes là-dedans, tu vas pas me dire que tu pourrais y dormir seule sans frôler la crise cardiaque?'

Soeurette n'a pas le temps de répondre, la fenêtre de notre chambre s'ouvre lentement en grinçant de façon inattendue et sinistre. Trois personnes se sont encastrées dans le plafond ce soir-là, Soeurette la rationnelle, le chat et moi.

Pour rien au monde l'un de nous n'aurait fait chambre à part comme nous le faisions dans cette maison il y a encore quelques mois.