vendredi, 5 juin 2015

Rendez-vous matinal...

Elle m’a posé un lapin, elle n’était pas là ce matin ! Et dire que j’ai couru pour ne pas rater le train. 

Pourtant, pour une fois, je n’étais pas si pressé !

J’avais juste envie de la voir…

 

Depuis deux mois que j’ai des horaires presque fixes, notre rendez-vous c’est le 8 h 22, elle arrive toujours trois minutes avant. Se place au même endroit sur ce quai bondé…

 

Grande, blonde, cheveux courts, je dirais des yeux verts sur un minois rond et adorable ; et un joli sourire…

Un fessier de rêve moulé dans un jeans que l’on croirait cousu à même la peau, des seins avenants…

 

La première fois que je l’ai aperçu, c’était à l’occasion de mon deuxième jour de travail. Tout de suite mon œil fut allumé par cette princesse. 

Alors, pour les 7 minutes de trajet je m’assis en face d’elle…

 

À la gare elle m’entraîna dans une folle course-poursuite à travers les couloirs souterrains du métropolitain, de tapis roulant en escalier, je m’accroche tant bien que mal ! 

Aux heures de pointe c’est un vrai sport que d’êtres parisiens ; je ne la perds pas de vue.

Et si je montais dans le même wagon qu’elle, je jure que ce ne fut que le hasard qui la fit descendre à la même station que moi.

 

Le lendemain, par curiosité, je me plaçais au même endroit, et le petit jeu recommença…

Quelques jours après je décidais de prendre les devants, quand je me retournais en retenant le portillon de quai, elle me gratifia d’un merci joliment souriant ; j’en fus surpris, jamais encore je ne suis arrivé à empêcher des importuns à s’immiscer entre nous pour ce passage crucial…

 

Je ne sais rien de son nom ni de sa vie, elle a de jolies mains dépourvues de bagues, je l’ai déjà vu le nez plongé dans son iPhone ; peut-être raconte-elle à son mec que le pervers suiveur du 8 h 22 est encore là, ou au contraire à sa meilleure copine que le beau gosse intriguant est bien sur le quai…

 

Des fois j’envie ces gars qui savent aborder avec talent les mignonnes de passage en trouvant les bonnes paroles ; je ne sais pas faire…

Et puis j’aime bien aussi ce côté platonique secret, qui permet d’imaginer mille choses sans gâcher ses rêves par l’intrusion de la triste réalité…

 

Depuis, même si de plus en plus souvent je vais bosser à vélo, dès que la pluie ou l’orage menace, je cours pour ne pas rater le train de 8 h 22…

Ce matin elle m’a posé un lapin, juste eu le temps de sauter dans le wagon, elle n’était pas là…

Gare, métro, trajet habituel ; alors qu’arrivé à destination je mettais le pied sur le quai, elle surgit devant moi comme venue de nulle part !

Mystère mystère…

 

_ _
Le mot du jour : Allumer
La liste des 366 Alphabétiques
Les participants du 366 Alphabétiques

Allumer

Le feu. Mon père disait que
pour allumer un feu,
il fallait être fou, philosophe
ou amoureux.
Ça fait très longtemps que
je n’en ai pas allumer

05/06 : a comme allumer

Allumer l'écran,
allumer le lecteur,
allumer la sono
et se faire un film.

Le A à Z de juin

Le jeu des 366 Alphabétiques est prévu pour faire un billet chaque jour mais on peut ne pas respecter la règle. Quand j’ai vu que le nouveau tour de l’alphabet commençant aujourd’hui allait se terminer le dernier jour du mois, j’ai eu l’idée de « fêter » cette coïncidence en écrivant un texte avec tous les mots prévus. Chaque mot est souligné.

Elle faisait tout pour allumer le président du sénat et c’est moi qui tomba en béatitude pour elle. Avec ses cheveux en choucroute, elle avait un charme tout sauf discret et je fus soudain énamouré (c’est le moins qu’on puisse dire) de cette femme aux globes opulents que cachait à peine un manteau d’hermine. Bien qu’elle ne s’intéressait pas à moi, je me serais jugé impardonnable si je n’avais pas tenté une approche qui pourrait me conduire à partager avec elle une joie à côté de laquelle un fantasme de hippy pour Katmandou paraîtrait aussi plat qu’une lettre d’invitation d’un ciné-club pour voir Le mépris de Jean-Luc Godard. Je me disais que j’allais au devant d’une réponse négative qui me renverrait à mon onanisme ordinaire, qu’elle ne voudrait pas de moi, même pour une parenthèse d’une nuit au désespoir de n’avoir su séduire le président du sénat… Et pourtant… Voilà vingt ans aujourd’hui qu’elle file la quenouille de notre foyer ! Certes, elle a fait quelques « écarts de conduite » et le président du sénat ne fut pas qu’une réminiscence… Néanmoins voilà vingt ans que nous vivons ensemble dans une sérénité où les bris de théières ne sont qu’accidentels (même pour celle que je tenais de ma mère), où nos deux univers sont joints comme deux pédales dans le mécanisme d’un vélocipède bien huilé avant un départ en week-end, du xérès dans les sacoches isothermes. Même si les ans te font de plus en plus ressembler au yéti, je t’aime Amanda ! Toujours je serai accroché à toi tel l’alcoolique au coin du zinc. Je t’aime !


D’autres auteurs inspirés des mêmes mots là-bas