06 du 52 de Virginie, saison 7
Nous voilà repartis pour une 7e saison des 52 de Virginie.
Bien entendu, c’est ouvert à tous, alors n’hésitez pas à nous rejoindre !
Portrait
Ce matin, en ouvrant les volets, le mauvais temps s’en est allé ; et toi aussi, tu ne t’es pas réveillé…
98 ans, ou presque. Tout au plus quelques semaines.
Sur le rocher de Saint-Guénolé, je regarde l’horizon, la mer redevenue calme. Le vent sèche mes larmes. Je sais que tu aurais aimé le coin, on y aurait effectué de belles virées du côté de la baie d’Audierne.

C’est Grand-Papi, ton père, qui m’a fait faire mes premières balades à Chaumont ; j’avais 7 ans quand il est mort, alors, pour ne pas fatiguer Grand-Mamie, mes vacances suisses se passaient dans votre maison de Serrières, avec mon petit-cousin, qui devenait assez grand pour jouer avec moi ; j’étais jaloux de sa tonne de peluches.
Des fois tu m’emmenais dans de courtes excursions, tu me montrais la ferme familiale à Lacombe ou on montait à pied à Chaumont, depuis Fontaine André pour aller manger des gâteaux au beurre chez tante Blanche, à la ferme du château bleu.
Lors de vacances communes en France, à Saint-Véran, je dois avoir une dizaine d’années, tu perfectionneras ma technique en ski.
Et puis, il y aura ces fameuses vacances à Bever, dans les Grisons, où tu m’initieras aux randonnées alpestres, mon premier 3000, et au petit coup de blanc au bistrot de montagne. Il faut dire que tu aurais pu écrire un guide sur ces lieux, entre les courses avec le club Alpin suisse et celles avec tes jeudistes, tu en as connu !
Tu m’apprendras une règle essentielle :
« tu marches à ton rythme, tu t’en fous d’être devant ou derrière ».
Bien des années après, prenant de l’âge, tu me diras sur un chemin raide, t’asseyant sur une pierre « le sommet est à deux heures, vas-y, je t’attends là, aujourd’hui, je ne peux pas… ». La sagesse du montagnard.

Quand je venais en Suisse, c’est chez vous que j’allais, toujours bien reçu, en bon vivant que tu étais, il y avait toujours une bouteille d’absinthe à l’apéro ou une bouteille d’œil-de-perdrix au frais.
Bien sûr tu n’étais pas seul, il y a aussi Tante Clau, dans un an, vous auriez fêté vos 70 ans de mariage, mais aujourd’hui, c’est toi qui es parti, Clau, du haut de ces 98 ans est toujours bon pied bon œil et sûr que, si elle continue comme ça, dans deux ans, on fera son centenaire !
Tu as continué de marcher, d’aller faire de petites courses avec tes jeudistes. Vous y étiez de moins en moins d’anciens ; vous faisiez un concours à chaque enterrement de l’un des vôtres : qui serais le dernier ?
Désolé de te dire que tu as perdu !
Et puis, ton zona, à la tête, en juillet 2023, fut le début de ta descente aux enfers, un an de douleur effroyable, morale en berne, accélération des affres naturelles de la vieillesse, difficulté à se déplacer, surdité grandissante, perte de la vue. En août cette année, tu décidas que tu avais fait ton temps, dicta ton faire-part, quelques dernières volontés et partit te coucher en attendant la grande faucheuse.
Il y a deux semaines, ce fut les urgences…
Brel chantait :
« Mourir, cela n’est rien, mourir, la belle affaire! Mais vieillir, oh, oh vieillir ».
Ce 30 janvier tu ne t’es juste pas réveillé, tu es parti rejoindre maman et Doris, tes sœurs aimées ; j’espère que vous faites la fête là-haut…
Adieu Walti, adieu Tonton…
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