Avant même de me douter que cette femme pouvait avoir le moindre talent littéraire, j’étais un fan accompli suivant le moindre de ses faits et gestes dès qu’une compétition la voyait engagé ; toujours pour la gagne.
Première femme à avoir effectué un tour du monde à la voile en solitaire, elle en compte 4 à son actif. Marin accompli, elle a tout connu, des belles victoires au pire des naufrages dans les 40e rugissants. Quatre jours dans une coque retournée, ballotée par les flots déchainés, à attendre d’hypothétique secours ! Forcément, après vous devez voir la vie autrement.
J’avais bien lu son premier livre, « Une solitaire autour du monde » récit autobiographique, d’une vie de sel et d’embrun, d’aventure, de vent, de galère ou de chance. J’avoue qu’alors, le style littéraire n’a pas été ce qui m’a le plus frappé ! Il est vrai aussi que le genre ne s’y prête pas trop.
Abandonnant la compétition, Isabelle Autissier est alors partie vers d’autres aventures bien moins médiatiques, si ce n’est un petit écho de ci de là dans la presse.
En 2010, alors que j’explorais les rayons de ma librairie, voici qu’un livre m’interpelle : « Seule la mer s’en souviendra », Roman signé Isabelle Autissier.
Dès les premières pages, je tombe sous le charme de son style, simple, sans fioriture inutile, efficace.
Roman ? pas tout à fait puisqu’il s’agit à la base d’une histoire vraie, d’une tragique histoire de marin, de folie, de mer…
1968, première Golden Globe Challenge, course autour du monde, à la voile en solitaire et sans escale, celle qui fit la légende d’un Moitessier. Un marin ne quittera jamais l’Atlantique, tout en faisant croire qu’il avance bien sur son trimaran révolutionnaire. Folie d’un homme pris entre le mensonge et sa réalité. Histoire de sa fille de 14 ans, restée à la maison et qui attend son retour en tenant son journal intime. Histoire de vie et de mort, d’amour…
Une belle histoire triste.
Il y a un mois de cela, Gilda, qui travaille dans une librairie, nous invite à une soirée dédicace d’Isabelle Autissier pour la sortie de son dernier roman : « L’amant de Patagonie » je ne peux évidemment pas rater la chose.
Moment sympathique en compagnie d’une grande dame simple. Discussion passionnante sur ce grand sud qui me fait tant rêver, et même, échange de bonnes adresses si des fois je réunis les sous nécessaire à ce voyage. Bien sûr, je rentre chez moi avec le précieux bouquin dédicacé et me jette dans ces pages avant de me coucher…
Toujours ce style simple et agréable, ce livre est juste du pur plaisir. Nous voilà plongés dans les magnifiques paysages aux climats rudes et difficiles du sud de la Patagonie. À Ouchouaya plus précisément. Fin du XIX, quelques bons pasteurs anglo-saxons ont décidé de venir évangéliser les sauvages qui peuplent ces lieux, leur amener les bienfaits de notre société occidentale. On suit le parcours d’Émily, orpheline écossaise partie comme gouvernante des enfants du révérend.
Elle tombe vite amoureuse de ces paysages sauvages, de cette nature forte et rude, des couleurs de la mer au fils des saisons. Elle découvre ces peuples d’Indien et s’entiche de l’un d’eux. Comme dirait quelqu’un que je connais, « et c’est là que les ennuis commencèrent ! » Je ne vous raconterais pas la suite, simplement parce qu’il faut la lire.
Ce roman, magnifiquement documentée est aussi une intense réflexion sur la colonisation, la disparition de peuple entier par l’apport de nos maladies, de nos moeurs et coutume, de l’alcool, de la perte de repère ou la négation des croyances ancestrales des autochtones.
C’est aussi un magnifique plaidoyer sur nos différences, de l’apprentissage du vivre ensemble, du mélange culturel. De nos racines et de l’apprentissage de celle des autres.
Bref un bien beau roman qu’il vous faut lire à tout prix !
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