lundi, 18 juin 2012

La panne...


Comme tous les soirs, Ludivine Poulain s’apprêtait à quitter son bureau. Il ne restait plus qu’elle dans les locaux, question d’habitude… 
Il lui fallait environ une demi-heure après la fin légale de son temps de travail pour achever son rituel. Impossible de quitter les lieux sans que son bureau soit rangé parfaitement. Toutes les petites décorations personnelles, photo de vacances de son mari, du chien ou de son bébé de 18 ans maintenant, retournaient dans la grande enveloppe qui ne quittait jamais son sac à main. Comme si c’était son dernier jour ici, comme si demain, une autre s’installerait à sa place, sur sa chaise, devant son ordinateur.
Une fois le bureau vierge de toute incongruité, elle vidait consciencieusement son sac et vérifiait que rien ne manquait avant de tout remettre dedans dans un ordre bien défini tenant d’une logique mystérieuse, pour nous, simples spectateurs. Enfin, elle passait au lavabo pour se laver longuement les mains, comme pour se purifier de la journée passée. Alors, seulement, négligeant la facilité du tout automatique, elle empruntait l’escalier qui la mènerait dans le grand hall. Son médecin lui avait dit que c’était bon pour la santé de monter et descendre à pied, et puis elle avait une sainte horreur des trucs mécaniques.
Pourquoi les choses furent-elles différentes ce soir-là ?
D’abord, un dossier à finir qui l’avait retardée une bonne heure. Une grande fatigue aussi, la journée a été difficile. Le plan à rendre lundi, la réunion à préparer et tous les tracas habituels. Cela explique peut-être pourquoi, ce 23 novembre 2007 à 20 heures 33 minutes (elle avait regardé sa montre !) Ludivine Poulain ne prit pas l’escalier…

La lente descente avait commencé, quand l’arrêt brutal faillit la déséquilibrer et la faire tomber. Passé le moment de surprise, Ludivine reprit le contrôle de la sourde angoisse qui commençait à s’immiscer en elle. Elle ferma les yeux et respira profondément quelques secondes par le ventre, comme on lui avait appris en sophrologie. Elle les rouvrit et analysa la situation avec calme. C’était clair, elle était bloquée entre deux étages, à une heure où il y a peu de chance que quelqu’un passe dans le coin. Son mari l’attendait pour manger et elle allait rater les séries policières sur la deux, ce qui lui rappela que l’on était vendredi. Donc officiellement en week-end.

Ludivine ne possédait pas de téléphone portable, elle refusait catégoriquement cet engin du diable, comme elle disait, qui ne vous laisse jamais de répit, où que vous soyez. Les gens peuvent me joindre au bureau et à la maison, c’est bien suffisant. Elle considéra donc que sa seule chance serait le passage d’une ronde de la sécurité, mais passaient-ils par là ? Où alors les gens du ménage qui officiaient dès 4 heures du matin, mais venaient-ils le samedi ? Ou le lundi matin ? Elle se décida donc d’attendre tranquillement, en gardant des forces au cas où… Dans son sac, il y avait 2 barres de céréales, une demie bouteille d’eau et un roman policier. De quoi tenir jusqu’à lundi, s’il le fallait. Elle s’assit, décida de se rationner gardant les barres et l’eau pour plus tard. Pour patienter, elle ouvrit son livre et se plongea dans les aventures de Sir Sherlock Holmes, à la lueur faiblarde d’un néon de sécurité…

Tandis que Sherlock et Watson soliloquaient autour du cadavre de Mr Ferrers, un bruit attira l’attention de Ludivine. Des gens marchaient dans le hall. Elle entendait leurs pas, elle en était certaine ! Elle se leva et essaya d’apercevoir quelque chose dans le clair-obscur de cet immeuble en position nuit. Un néon par-ci, par-là, les lampes des issues de secours, quelques diodes d’appareils divers et variés, et là-bas au fond, le distributeur de boissons et autres cochonneries… Soudain, au détour d’un couloir, en bas, sur le côté, elle les vit. Ils étaient deux dans leurs tenues de pompier effectuant la ronde réglementaire de 22 heures, précédés par le faisceau de leurs lampes qu’ils braquaient de temps à autre vers un mur, un meuble ou un recoin sombre. Elle n’hésita pas : « Au secours, messieurs s’il vous plaît, aidez-moi ! » leur cria-t-elle. Les deux hommes, dont l’un se révéla par la suite être une femme, s’arrêtèrent net. De façon synchronisée, les faisceaux de leurs lampes battirent l’air quelques instants dans la direction de la voix, avant de se rejoindre sur Ludivine. « Mais que vous arrive-t-il ? Que faites-vous là à cette heure ? » demanda celui qui devait être le chef. « Ben vous voyez bien », répondit Ludivine, « je m’apprêtais à rentrer chez moi quand l’escalier roulant est tombé en panne… »
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Petit texte publié initialement le 13/03/2008





Aujourd'hui réflexe...

Je regardais l’écran depuis un moment, suivant les uns et les autres. Tous ces gens qui couraient de ci de là, d’une caméra à l’autre avec un seul but : nous expliquer soit que la victoire était belle, soit que la défaite n’est pas si importante que cela.
Mais ce que j’attendais n’arriva que vers 23 heures, et ce ne fut que pur réflex si j’ai levé les bras au ciel en poussant un cri tout autant de joie que de surprise et de contentement. 

Par chez nous, dans le 9-2, le soi-disant indéboulonnable député UMP, Pasquaien-Sarkosiste est tombé…



Résultat

(135/366)

D’autre 366 à prise rapide…