S’il y a un homme que l’on apiége [1] pas, c’est bien l’amiral, Olivier de Kersauzon.
Je l’ai croisé il y a longtemps pour une émission, c’était à Brest 2000. L’organisateur avait peur qu’il soit en retard, ayant fait préparer pétillant et whisky pour le pot d’accueil ; la réputation du marin l’avait précédé.
Il se trouve que par un de ses hasards qui font les petits bonheurs de mon boulot, c’est quasiment moi qui lui ai ouvert la porte ; un gars charmant et poli, arrivé à l’heure pile, me saluant avant de s’enquérir où cela se passait, refusant le champagne et demandant un jus d’orange parce qu’il ne buvait pas d’alcool…
J’adore les livres de marin, il me fallait donc lire le sien « Le monde comme il me parle ».
Un peu une autobiographie rapide, sa philosophie de l’existence, celle d’un ours qui serait poète. La vision de quelqu’un qui a réussi sans jamais marcher sur les autres. D’un homme qui a décidé de faire ce qu’il avait envié sans empiéter sur la liberté de ses condisciples et en restant dans les clous de la loi sociale. Celle d’un homme qui est conscient que s’il en est là il le doit à sa volonté et ses envies, mais aussi la chance d’avoir une bonne santé, d’être arrivé au bon moment dans un monde de la voile où tout était à inventer, d’avoir rencontré des grands personnages et un génie en la personne d’Éric Tabarly…
Un homme intransigeant avec lui-même et ceux qui l’entourent, intransigeant sur le monde et sur sa vie qu’il compare à l’étrave d’un bateau qui fend l’eau et laisse derrière lui un sillage qui disparaît bien vite…
Le côté du livre qui m’a un peu déçu est stylistique. Après avoir lu Océan Song tout en rudesse harmonique, en beauté sauvage digne des océans, en déferlante poétique je m’attendais à mieux.
Dans ce dernier opus, la plume reste forte et dure, les phrases sont courtes et affirmées, mais n’est pas un poème à lui tout seul.
Olivier de Kersauzon nous livre ses vérités ; point final.
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[1] Apiéger : Apprivoiser, au sens propre et au figuré.
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