samedi, 1 août 2015

L'encre au doigts...

 

On ne peut pas dire que mon parcours scolaire fut d’une sérénité totale, j’ai redoublé deux ou trois fois, je ne sais plus, dont le CP, ce qui en soi est déjà une performance.

J’ai appris à lire et écrire tôt, mais force est de constater que j’aimais mieux jouer, et plus j’avançais, plus je m’ennuyais à l’école, préférant partir dans de longue rêverie plutôt que d’essayer de suivre des cours barbants !

En fait j’étais bon dans les matières qui m’intéressaient (histoire, français, économie, physique-chimie, philo…) sans trop bosser, je retenais facilement ce qui était expliqué en classe et une petite relecture suffisait à avoir la moyenne.

Par contre, étrangement, ce qui ne me passionnait pas ne rentrait tout simplement pas !

Les langues, et surtout les mathématiques !

Le cas des math est assez curieux, j’adorais cela en fin de primaire et au début du collège. Je me régalais des histoires de robinet qui se déversait dans des baignoires, de train qui partait à l’heure et d’âge du capitaine ! J’en redemandais même !

Là où les choses se sont gâtées, c’est quand on est tombé du côté obscur des math, le truc abstrait avec des chiffres et des symboles bizarroïdes !

En fait avec le temps, je me suis aperçu que j’ai besoin de concret pour apprendre, de pouvoir visualiser…

Autant vous dire qu’en 5e, on m’a montré la voie de garage en m’expliquant tout le bien que je trouverais certainement en devenant mécanicien ou ce que je veux, tant que je n’ai pas à réfléchir !

Je garde en mémoire cette « conseillère d’orientation » (SIC) à qui j’exprimais mes vœux : faire du cinéma ou alors prof d’histoire, historien ou un truc du genre, ou… Je n’ai pas eu le temps de finir, elle m’a dit qu’il fallait oublier, que « je n’avais pas les capacités intellectuelles » pour ce type d’étude !

Tu parles d’un tact !

Elle aurait pu me dire un truc du genre « jeune homme, vous pouvez, mais pour ça, faut bosser ! »

Que nenni !

Uppercut direct dans la gueule du jeune Gilsoub !

 

Ses mots sont restés gravés dans ma mémoire ! Je suis ressorti anéantis, je crois que je n’ai rien dit à personne !

Ce n’est jamais facile d’avouer aux gens que vous savez enfin que vous êtes con…

 

Autant vous dire que cela ne m’a pas aidé dans la motivation pour continuer, et sans l’acharnement de mes parents à se battre contre les institutions de l’époque qui voulaient me virer du système, j’ignore ce que je serais devenu aujourd’hui.

Bref d’école privée en contrat, de cours d’été et de quelques profs hors norme dans le genre de Pennac j’ai quand même fini dans une salle d’examen à tenter de passer mon BAC.

 

J’avais un moteur en tête, faire mon école de cinéma.

Si l’idée n’enchantait pas plus que cela mes géniteurs, ils ont accepté « Tant que tu es certain que c’est ce que tu veux faire ».

C’était une école privée et pas donnée, mais à l’époque le choix des boîtes sérieuses était plus que limité. L’entrée était sur concours, passé « haut la main », un entretien avec le directeur sur la motivation et le fameux sésame du baccalauréat !

 

Épreuve où j’échouai lamentablement ! Il faut dire que 3 en math coef 6, cela n’arrange pas !

 

Ceci ne fit pas fléchir ma détermination, je mentis, confirmait mon inscription (avec le précieux chèque, cela aide !) et oublia bien évidemment de joindre copie de l’admirable diplôme !

 

Ce fut une année d’étude où enfin je m’éclatais dans ce que j’avais envie de faire, avec de super prof, je jouais au chat et à la souris avec le secrétariat qui me réclamait toujours le célèbre papier. C’est fou comme on est tête en l’air quand on est étudiant ; et j’étais fier d’avoir ma carte, de pouvoir aller manger la bouffe immonde, mais pas chère au CROUSS du coin, comme une petite revanche personnelle.

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Tournage de mon cour métrage “Elle voulait voir la mer”

 

Arriva le concours pour le passage en deuxième année, ils en prenaient 80 sur les 300 que nous étions…

Je finis 22…

Plus jamais on ne m’a demandé le fameux sésame.

Sur mes CV, je marque BAC +3

Au final j’ai pas mal réussi la partie professionnelle de ma vie, mais je me dis que de nos jours, à l’heure de l’informatique, de l’internet et tutti quanti, jamais je n’aurais pu réussir une telle arnaque et que nos jeunes ne sont pas forcément toujours aidés par le progrès technologique.

C’était mes années 1984 à 1987…

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Le mot du jour : Flêchir.
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