« Il y a quelque chose de terrible en moi ». Je n’ai pas eu le temps de trouver autre chose à dire. Je sais, c’est idiot. C’est tout ce qui m’est venu à l’esprit quand elle est rentrée, qu’elle s’est arrêtée net, là, à nous regarder, d’un air incrédule…

« Oui, cela paraît bête, mais c’est dans mes gènes, je n’y peux rien : J’ai du charme, un charisme indéfectible. C’est à l’intérieur de moi-même, dans ma tête, cela me ronge de l’intérieur, je voudrais bien pouvoir êtres comme les autres, d’une banalité affligeante, pouvoir me faire discret, presque invisible. Mais rien à faire, que veux-tu, je plais ! Et ma petite gueule d’ange n’arrange rien au problème…»
J’ai senti une amorce de sourire sur son visage…
«S’il ne tenait qu’à moi, je me soumettrais avec plaisir à une petite vie de bon père de famille, toujours fidèle et aimant, attentionné même, comme dans les contes. Mais voilà, rien ne m’est épargné, et tu le sais bien ! Dès que je suis quelque part, j’attire bien malgré moi la moindre présence féminine. Et sans rien faire, je te le jure ! Je suis un aimant, un pôle d’attractivité. Qui puis-je ? Et une fois que la machine est en route, que devrais-je faire ? Dire à ces dames, que non, désolé, mais je suis inaccessible pour vous, et passez pour un rustre de la dernière engeance ? Non je ne peux pas, j’ai été programmé pour donner du plaisir et du bonheur, même éphémère… Alors, je te le demande, qu’est-ce que une nuit, que j’aurais oubliée ce soir, alors que la belle se rappellera toute sa vie de cet amant d’un instant qu’elle aura rencontrée ? Si cela ne tenait qu’à moi… »

Paf… Je ne l’ai pas vu venir… Je l’avais même presque oubliée, cette blonde pulpeuse, ramenée de ma dernière virée nocturne. Jusque-là, depuis l’entrée de Patricia, elle était restée coite, remontant dans un geste de pudeur les draps sous son menton, cachant ainsi les fruits de ma convoitise passée. Et puis brusquement, un aller-retour inattendu, mon ange s’est transformé en furie. Faisant fi de toutes règles de bienséance, elle s’est levée, montrant dans toute sa splendeur cette nudité que j’avais eu tant de mal à conquérir. Elle s’est rhabillée à une vitesse impressionnante. C’est planté devant Patricia : « Excusez-moi, Madame, mais ce goujat ne m’a jamais parlé de vous. Je suis vraiment désolé… Surtout d’avoir été aveugle à ce point ! » Puis elle est partie, non sans oublier de renverser tout ce qui se trouvait à porté de ses mains…

Patricia éclata de rire : « Je crois vraiment que ce qu’il y a de terrible en toi, c’est ta goujaterie et ton machisme… Bon, tu veux un café ? »
« Au fait, pourquoi ne lui as-tu pas simplement dit que j’étais ta sœur ?
— Tu crois vraiment qu’elle m’aurait cru ? »

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Billet publié initialement le 02/02/08