Tu t’es dit qu’il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond, qu’il fallait faire quelque chose, alors tu as cherché un psy, au hasard, dans l’annuaire. La dernière fois que tu en avais vu un, tu avais 7 ans !

Les premiers que tu as appelés t’ont proposé un rendez-vous dans six mois, tu as décliné ; et puis, il y a eu ce type, pas loin de chez toi, psychiatre de son état, il t’a posé des questions au téléphone et t’a donné rencard pour dans 2 jours. Il avait la tête de l’emploi, un peu rondouillet, une barbichette, un crâne chauve sur le dessus et une couronne de cheveux un peu folle. Des lunettes rondes et un costume genre tweed, marron. La pièce était grande avec une belle bibliothèque en acajou plein de livres reliés. Dans un coin, un canapé rouge avec des coussins et derrière une chaise. À l’opposé, un beau bureau, et devant deux gros fauteuils confortables ; il t’en proposa un et s’assit dans l’autre presque en face de toi, légèrement en quinconce. Il a croisé ses mains sur son ventre, s’est reculé dans son fauteuil et a posé la première question. Vous avez parlé une heure et demie, tu as presque été sincère dans tes réponses, tu n’as pas tout dit, tu ne connaissais pas trop les usages, et puis, certaines questions te semblait intrusive.  Il avait une voix calme, ne jugeait jamais, rebondissait ici et là sur tes paroles. À la fin, il t’a expliqué un peu les différentes thérapies, ce que lui faisait, ce qu’étaient les divers métiers et l’obédience des gens qui s’occupe des boyaux de la tête.

Dans ton cas, il pensait que ce n’était pas trop grave, une petite déprime, voire une légère dépression. Il t’a parlé aussi dérèglement des circuits parasympathique. Après votre discussion, et par rapport à ce que tu lui avais dit, il n’a pas vu de gros traumatismes, il a même suggéré que ton questionnement et ton état venaient de là. Il a jugé que tu n’exigeais pas de médication, et pour ce qui est de ton circuit sympathique il t’a recommandé une pilule à base de plante, pas dangereux, le Vagostabyl. Enfin il t’a conseillé plutôt d’aller voir un psychologue, que lui faisait surtout dans la psychanalyse, ce qui, selon lui, actuellement, ne correspondait pas à ton besoin et à ta démarche du moment d’aller mieux.

« La psychanalyse n’a jamais guéri personne, et d’ailleurs ce n’est pas le but, elle est là pour essayer de comprendre, de se comprendre… ».

Étonnamment, tu en es sorti ragaillardis, avec un bon moral, tu as été acheté une boîte de son truc aux plantes, et quand tu sentais monter un peu d’angoisse, une petite pilule orange et hop… Placebo ou pas ? Tu n’as jamais su…

Tu n’as jamais été voir de psy

 

Bref, tu as eu 40 ans et maintenant ça va mieux !

 

Tu ne savais pas encore la suite.

(A suivre)