Beau et triste à la fois, c’est souvent ce qui caractérise les tragédies dans le monde des arts vivant.

C’est ce qu’est le magnifique témoignage de Maryse Wolinski après le meurtre de Georges par les deux petits connards auteur du carnage de Charlie.

« Chérie, je vais à Charlie », furent les derniers mots qu’il lui a dits…

 

Ce livre est une magnifique déclaration d’amour à celui qui fut son mari durant 47 ans, celui qui était une part d’elle et dont elle constituait une part de lui ; de ces amours immuables que rien ne peut ébranler, si ce n’est la mort.

 

Comment un 7 janvier, une journée banale se mue en tragédie personnelle pour nombre de victimes avant que de devenir nationale ? D’abord l’état de choc, le déni de l’intime, encaisser, commencer le deuil, réagir, puis, passé ce moment, le temps des questions, du pourquoi et du comment de ces scènes de guerre en pleins paris.

Les responsabilités, politiques, religieuses ou plus prosaïquement sociétales.

 

Récit poignant et direct d’une de ces victimes collatérales de cette barbarie que certains voudraient ordinaire.

L’on retrouve dans ces pages le talent d’écriture de la journaliste et de l’écrivain qu’elle est.

Que l’on aurait aimé que ce soit un roman !

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4° de couverture :

 

« Chérie, je vais à Charlie » : tels sont les derniers mots que Georges m’a lancés, en ce matin du 7 janvier. Trois heures plus tard, l’attentat fera douze morts. Parmi eux, Georges, frappé par quatre balles de Kalachnikov. Quarante-sept années de vie commune fracassées. J’oscille entre insomnies et cauchemars, sidération et déni, enfermement et colère, obsédée par cette question : comment une scène de guerre a-t-elle pu se produire, en France, dans les locaux d’un journal satirique ? Puisant ma force dans le chagrin, j’ai cherché à comprendre, à travers le récit de cette journée du 7 janvier 2015 et de ses suites, où se trouvaient les failles. De cette quête, je suis sortie anéantie. Désormais, je suis celle qui va. M. W.

 

Maryse Wolinski est journaliste et écrivain. Elle est l’auteur de plusieurs récits et romans dont Georges, si tu savais (Seuil, 2011) et La Passion d’Édith S. (Seuil, 2014).

 

Citation :

 

Les “Charlie” survivants, bien que cassés physiquement et psychologiquement, se sont remis au travail. L’humour, la satire, voire le blasphème, se devaient de l’emporter sur la barbarie. N’oublions jamais que depuis Rabelais, en passant par Voltaire, la France est le pays de l’impertinence.

 

Oui, il y a eu des failles dans la sécurité de Charlie Hebdo, et elles sont nombreuses. Parce que, contrairement au service des sites sensibles de la préfecture, l’État, les autorités policières et les responsables du journal refusaient l’idée que nous étions déjà en guerre. Une guerre de l’ignorance contre la culture. De la liberté tant chérie par Georges contre l’obscurantisme.