dimanche, 20 juin 2021

Au bout du chemin...

231/366. Aujourd’hui la fin de…

 

C’est la fin d’une vie, celle d’un scientifique, d’un penseur, d’un monsieur digne et philosophe face à la mort.

Cela fait pas mal de temps que je suivais Axel Khan sur les réseaux sociaux, j’aimais bien ses analyses, ses opinions, mais aussi ses remises en question, notamment en ce qui concernait la crise sanitaire actuelle.

Il était aussi président de la ligue contre le cancer. Cancer qui justement, en ce moment, finit de l’achever.

Il y a quelques semaines, sur son blogue, il publiait un texte très émouvant pour annoncer que sauf miracle, il ne lui restait que peu de jours à vivre (je le publie pour mémoire, si un jour le lien original disparaissait ) :

 

LE BOUT DU CHEMIN.

 

L’attitude face à la mort lorsqu’elle n’est pas d’actualité est très diverse selon les êtres.

La plupart des gens jeunes en exorcisent jusqu’à l’idée, ce qui constitue une mesure d’auto protection efficace. Cette insouciance de la mort est à peine entamée par les deuils des anciens, rangés dans une autre catégorie que les vivants.

Certains à l’inverse vivent dans la terreur de la camarde qui jette son ombre sur leur vie entière.

Les métiers de la mort ( pompes funèbres, fossoyeurs, notaires…) la banalisent et s’en dissocient en général. De même les soignants et médecins. Je suis dans ce cas, la mort m’est habituelle depuis si longtemps, elle ne m’obsède pas.

Il n’empêche, j’ai depuis longtemps la curiosité de ce que sera mon attitude devant la mort. Il y a ce que l’on désire qu’elle soit et ce qu’elle est. Des croyants sincères qui ne doutent pas du royaume de Dieu sont submergés par la terreur lorsqu’elle s’annonce.

Tel n’est pas mon cas. Je vais mourir, bientôt. Tout traitement à visée curative, ou même frénatrice est désormais sans objet. Reste à raisonnablement atténuer les douleurs. Or, je suis comme j’espérais être : d’une totale sérénité. Je souris quand mes collègues médecins me demandent si la prescription d’un anxiolytique me soulagerait. De rien, en fait, je ne ressens aucune anxiété. Ni espoir - je ne fais toujours pas l’hypothèse du bon Dieu -, ni angoisse. Un certain soulagement plutôt.

Selon moi, limiter la vie au désir de ne pas mourir est absurde. J’ai par exemple souvent écrit que lorsque je ne marcherai plus, je serai mort. Il y aura un petit décalage puisque je ne marche plus, mais il sera bref. Alors, des pensées belles m’assaillent, celles de mes amours, de mes enfants, des miens, de mes amis, des fleurs et des levers de soleil cristallins. Alors, épuisé, je suis bien.

Il a fallu pour cela que je réussisse à « faire mon devoir », à assurer le coup, à dédramatiser ma disparition. À La Ligue, j’ai le sentiment d’avoir fait au mieux. Mon travail de transmission m’a beaucoup occupé, aussi. Je ne pouvais faire plus. Je suis passé de la présidence d’un bureau national de La ligue le matin à la salle d’opération l’après-midi. Presque idéal.

Alors, souriant et apaisé, je vous dis au revoir, amis.

Axel le loup.

 

Ce texte m’a beaucoup touché, je m’y retrouve dans ma philosophie sur la camarde. Chez nous la mort n’a jamais été un sujet tabou, on en parlait à table, en famille. Je me souviens d’un ami étonné un soir qu’il dînait à la maison du fait que l’on bavarde aussi ouvertement des dispositions que mes parents avaient décidé de prendre pour le jour où disparaîtraient.

On en discute aussi souvent à la maison, rapport à l’histoire de l’Amoureuse et de la Merveille.

Aujourd’hui, j’affirme avec conviction que si je n’ai aucune envie de mourir, je n’ai pas peur de la mort, j’ai surtout peur, vanité extrême, de la peine que je pourrais faire à ceux qui m’aiment. Parce que ce qui me fait peur, c’est de perdre ceux que j’aime : L’Amoureuse, la  Merveille, mes frères…

C’est facile de ne pas avoir peur de mourir, je suis en bonne santé, vivant et cette fatalité me semble encore bien loin (oui, je suis bien conscient que dans 5 minutes tout peut être fini !), mais je me demande si je resterais aussi serein quand l’échéance sera proche ?

 

J’en admire d’autant plus Axel Kahn qui vient d’annoncer la fin de ses chroniques apaisées de la fin d’un itinéraire de vie que la douleur et les traitements lui rendent de plus en plus pénible à écrire[1].

 

Je lui souhaite une mort sereine entourée des siens

 

Il y a neuf ans, d’une belle histoire…

366 réel à prise rapide.pdf 

Note(s)

  1. ^ Ce qui chez moi rouvre le combat sur la fin de vie et le suicide assisté, comme en Suisse ; option que je n’écarte pas si un jour cela s’avérait nécessaire. Mais ceci est encore un autre sujet…

La haut sur le plateau...

25 du 52 de Virginie, saison 3

cette semaine : Paysage

Un peu de montagnes pour changer de la mer, avec les magnifiques plateaux du Vercors et leurs chevaux en liberté ; souvenir d’une belle randonnée…