Nager, je l 'ai souvent dit et écrit est un de mes bonheurs de l'été. J'aime nager à la mer, pas vraiment en piscine: les longueurs de bassin ne me procurent pas de grand plaisir. Autant je m'amuse en pratiquant l'aquagym, autant je m'ennuie à enfiler les longueurs de bassin. En fait je ne suis pas une très bonne nageuse. Je flotte et avance dans l'eau et j'éprouve un grand plaisir à cela surtout quand le paysage environnant est beau et que je suis en bonne compagnie: on avance tranquillement tout en discutant et ainsi on arrive à la 5ème bouée, puis 6ème, 7ème, 8ème ...; quand l'eau est bonne et calme ce n'est que du plaisir; et au retour on admire le paysage; finalement c'est un peu comme si on randonnait en mer, non ?
Mais ce n'est pas la saison, il me faut attendre quelques mois.
Depuis hier j'enrage après nos députés absentéistes qui se moquent vraiment de nous: les rangs clairsemés de l'Assemblée Nationale pour le vote sur l'état d'urgence me font honte. Ma fibre démocratique est en profonde souffrance. Ne peut-on leur faire une retenue sur salaire ? Ne peut-on les licencier pour faute grave ? Je les verrais bien pointer au chômage, sans indemnités bien sûr...On peut rêver non ?
C’est sur un album de musique, Hôtel Robinson, de Rodolphe Burger et Olivier Cadiot, que j’ai entendu pour la première fois la voix du philosophe Gilles Deleuze, utilisée dans le morceau Je nage.
Sa voix venait de l’un de ses cours :
Je sais nager, je sais voler. Formidable. Qu’est-ce que ça veut dire ? C’est tout simple : ne pas savoir nager, c’est être à la merci de la rencontre avec la vague. Alors, vous avez l’ensemble infini des molécules d’eau qui composent la vague ; ça compose une vague et je dis: « c’est une vague » parce que ces corps les plus simples que j’appelle « molécules », en fait, ce n’est pas les plus simples, il faudra aller encore plus loin que les molécules d’eau. Les molécules d’eau appartiennent déjà à un corps, le corps aquatique, le corps de l’océan, etc., ou le corps de l’étang, le corps de tel étang. C’est quoi la connaissance du premier genre ? C’est : aller, je me lance, j’y vais, je suis dans le premier genre de connaissance : je me lance, « je barbote » comme on dit. Qu’est-ce que ça veut dire « barboter » ? Barboter, c’est tout simple. Barboter, le mot indique bien, on voit bien que c’est des rapports extrinsèques. Tantôt la vague me gifle et tantôt elle m’emporte ; ça, c’est des effets de choc. C’est des effets de choc, à savoir : je ne connais rien au(x) rapport(s) qui se compose(nt) ou qui se décompose(nt), je reçois les effets de parties extrinsèques. Les parties qui m’appartiennent à moi sont secouées, elles reçoivent un effet de choc des parties qui appartiennent à la vague. Et alors tantôt je rigole et tantôt je pleurniche, suivant que la vague me fait rire ou m’assomme, je suis dans les affects-passion.
Via Aurélie sur Facebook, et comme elle dit c’est pas un accent circonflexe en moins ou un f à la place de ph qui vont compliquer la lecture à l’avenir.
Cet exercice d'écriture et ce “Planet” vous sont proposés par Gilsoub.
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