Il est des personnalités étonnantes qu’on aime ou que l’on déteste. Bruno Masure est de ceux-là. Les plus jeunes ne connaissent pas, et pourtant il a présenté les informations télévisées de 1984 à 1997, d’abord sur TF1 puis sur Antenne 2 devenu par la suite France 2. La légende veut qu’il fît le journal en pantoufle, et il était réputé pour lancer de temps à autre des jeux de mots pas toujours fins ou avoir, sur certaines actualités, des commentaires à la limite du cynisme, que certains fâcheux trouvent de mauvais aloi. Bref, c’était un journaliste grande gueule et engagé.

 

Depuis qu’il a quitté définitivement le monde de la TV, il écrit un peu tout et n’importe quoi, avec pas mal d’humour, une once d’autodérision et beaucoup de méchanceté.

Et moi j’aime bien ça !

Attention, pas de la méchanceté gratuite et sans intérêt, non de la méchanceté à la Jean Yanne, de celle qui tape juste là où cela fait mal !

 

Très actif sur tweeter, il s’est attiré une haine tenace de la part de pas mal de ces anciens collègues. Ses détracteurs disent de lui que ce n’est que de la rancœur et de l’amertume d’avoir été évincé de la petite lucarne. Mais c’est peut-être aussi parce qu’il connaît sur le bout des doigts les us et coutumes de ce milieu si détonant.

 

Côté écriture, il se défend pas mal, même s’il aime jusqu’à l’abus les jeux de mots parfois lourdingue.

 

« La télé rend définitivement fou » est une sorte de pamphlet, une farce cathodique sur le microcosme idiot visuel. Un patron d’une de ces chaînes qui usent à outrance de la téléréalité est enlevé par des professeurs en colère qui l’enferme avec une télé allumée 24 heures sur 24 et qui ne diffuse que les pires émissions qui existent. Au moindre documentaire, au plus petit jeu un peu intellectuel, ses geôliers zappent. En parallèle, Michel Drucker passe son temps à enterrer ses camarades…

 

Voilà qui sert de prétexte à ce livre qui est en fait une attaque en règle des mœurs de la télévision d’aujourd’hui. Des arrangements divers et variés entre copains, des rivalités, des histoires de gros sous et d’une éthique journalistique en voie de disparition.

Délicieusement drôle et méchant, complètement loufoque, Bruno Masure a dû perdre les derniers amis qu’il avait encore dans le métier…

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4° de couverture :

 

J’ai fait le compte. J’ai, hélas, 323 enterrements au compteur. Mais celui-ci est sûrement le plus émouvant. Christophe était un ami si proche «. Le livre s’ouvre sur les larmes de Michel Drucker au micro d’I-télé. Christophe Barbier est mort, étranglé par son écharpe prise dans une roue de son Vélib’, comme Isadora Duncan a été victime des roues de sa décapotable. Pour l’écouter, tout le petit monde politico médiatique est présent, sauf PPDA, parti à Cuba interviewer Fidel Castro sur son lit de mort, Frédéric Mitterrand, en vacances en Thaïlande, JF Kahn qui s’est trompé d’église, Mélenchon qui conchie tous les journalistes, Claude Guéant retenu par une vente aux enchères de peintures flamandes du XVIIe, et Bruno Masure qui remâche son aigreur chez lui… »

Au programme également :

– L’enlèvement du directeur des programmes d’une chaîne style NRJ12 par un groupe de profs protestant contre l’abrutissement des élèves. Le malheureux est obligé de regarder ses programmes et ceux des concurrents 24/7.

– David Pujadas est en stage intensif au MEDEF.

– La vie trépidante des rédactions des chaines, ses ratages, ses dérives, avec, entre autres, un attentat : les terroristes remercient les responsables des télés pour les avoir aidé à » terroriser » les français.

– La privatisation de France 2, rachetée par Lagardère

– Fleur Pellerin, écrasée sous sa bibliothèque IKÉA avec les oeuvres complètes de Modiano.

– Laurent Ruquier meurt en direct à l’antenne, étouffé de rire par ses propres calembours.

– » Un suicide français » titre Libé : celui d’Éric Zemmour, suite aux révélations de Closer : il vit un amour passionné avec un jeune musulman !

– En marge des 7 d’Or, Natacha Polony et Léa Salamé se battent en duel.

– Nicolas Canteloup assassine Jean-Jacques Bourdin, etc.