J’ai une énorme tendresse pour Richard Bohringer. Pour l’acteur bien sûr, celui de « Diva » ou du « Grand Chemin ». Pour l’auteur-chanteur aussi, celui de « C’est beau une ville la nuit », mais surtout pour « Errance », magnifique premier album aujourd’hui introuvable (mais que j’ai !).

Dans les années quatre-vingt-dix, je me rappelle l’avoir croisé un soir dans un bar de Saint Germain des Prés, accoudé au comptoir, solitaire, un demi à la main, la clope fumante entre les doigts ; conforme à l’image que je me faisais du bonhomme…

 

15 Rounds, c’est ceux de son existence de grand écorché. Il dit que, rescapé, peut-être en sursis, de cette saloperie de crabe, il est en train de vivre le dernier round, celui d’avant le gong final. Sa vie, depuis les HLM de son enfance, jusqu’aux planches de théâtre d’aujourd’hui, il l’a vécu comme un combat de boxe.

Amour, gloire, Drogue, alcool, cancer, espoir, désespoir, musique, réussite, galère…

À travers les belles et grandes rencontres, il ne veut parler que des amis, pas des parasites ; la vie est bien trop courte pour s’aigrir sur les fâcheux.

Le seul défaut que je vois à cette lecture, c’est son côté « je me regarde écrire », ce besoin de faire des phrases qui se voudrait poétique ; mais c’est souvent la faiblesse des grands et tendres écorchés de la vie…

bohringer.jpg
 

4° de couverture :

 

“J’ai passé ma vie sur la route. Tout seul. Avec la blonde. Avec mes fils, avec la musique, avec mes filles. Des milliers et des milliers de kilomètres. Coureur de savanes, enjambeur d’océans. T’as trop couru, t’as le souffle court. Les hanches, ça va toujours. Même si elles servent plus à grand-chose, elles ont le tempo pour écrire. Voilà ce que je ramène. Quinze rounds. Celui qui clôt. Qui ferme le rideau.” De l’enfance aux frasques de la jeunesse, des premiers rôles aux succès qui ont jalonné sa carrière, de la découverte de l’Afrique à la passion de l’écriture, Richard Bohringer se raconte dans ce récit au style enfiévré, au rythme syncopé. Tour à tour fulgurants et émouvants, entre coups de blues et coups de cœur, Quinze rounds est un combat qui se livre sous nos yeux en même temps qu’une déclaration d’amour à la vie.

 

Citation :

 

Je ne veux rien écrire sur l’amer ou le désamour. J’ai été. Je suis mieux aujourd’hui avec ce putain de cancer. Les nuits sont longues. Les petits matins terribles et cruels. Aimer ce qu’il reste. C’est immense.

 

Je vivais à deux cents à l’heure ma vie que je voulais romanesque. Impossible pourtant aujourd’hui de mettre de l’ordre dans ma mémoire mille éclairs mille nuits toutes pareilles pourtant mille petits matins avec le même chagrin, les bouts de bonheur. Les mêmes odeurs. C’est important les odeurs pour la mémoire. C’est l’habit du visible.

 

Nous vivons tous des tragédies, nous avons tous des secrets, les errements de l’âme unissent l’humain. Nous avons ça en commun, nous voudrions être le seul à être la mémoire de la femme aimée, nous voudrions être des amants, avec des étreintes et du jus, entendre “encore, encore”. Nous finissons sans talent !

Page 90 :

pho1600406.jpg