samedi, 18 avril 2015

Cul de sac…

Cela faisait un moment qu’il commençait à m’agacer, les étrangers par ci, les étrangers par là, tout est de leur faute, tous des voleurs d’aides sociales, des profiteurs et que lui, il va voter pour la Marine qui va remettre tout cela en ordre.

Celui-là, jamais il ne va se remettre en cause, il est plus facile de juger les autres…

Je lui fais remarquer son nom d’origine italienne, il me raconte son grand-père, sicilien, fuyant l’Italie dans les années sombres…

Je lui rappelle comment certains ont mal été accueillis dans les premiers vagues débuts du XXe siècle, les morts, les passages à tabac, les humiliations à cause des mêmes arguments que lui éructe en ce moment…

Qu’arrivé dans les années trente son grand-père fuyait certainement le fascisme de ceux qui ne sont que les tristes prédécesseurs politiques de celle qu’il adule aujourd’hui.

 

Rien n’y fait…

 

Je le regarde et lui demande pourquoi il veut absolument que je quitte la France, étonné il me demande pourquoi ?

Je lui explique que je suis Suisse, un étranger donc…

Aussi…

 

« Ah oui, mais ce n’est pas pareil, tu n’es pas Arabe toi… »

Tout était dit…

J’ai fini ma bière et suis parti…

 

Si quelqu’un décidait de tuer tous les cons, ce serait le plus grand génocide de l’humanité

(Francis Weber)

 

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Le mot du jour : Étranger
La liste des 366 Alphabétiques
Les participants du 366 Alphabétiques

 

E comme étranger


Salsifi austral  dans l’hémisphère boréal!!!


Le racisme augmente ?

Le mot du jour m’a rappelé une vieille histoire. Mon fils 5 ou 6 ans revient de l’école, et me sort : « il faut que les étrangers rentrent chez eux ». C’était dans les années 90. Un autre gosse avait ramené cette phrase de chez lui. J’ai du expliquer à mon fils que son père et donc […]

Étranger

Je suis souvent l’étrangère où
je me trouve. Non par choix,
par sensation, par décalage.
C’est étrange.

Étranger

Étranger : gens qui habite derrière les frontières et qui bizarrement et souvent voudrait habiter ici ! En gros, hein ? Et puis souvent il parle pas le même étranger en fonction de l’endroit d’où il vient. C’est pas pratique du tout !

Pour être sérieux, bien que la France soit replie de route agréables à parcourir, je commence à regarder un peu du côté de l’Espagne et du Portugal (en passant longuement par les Pyrénées). Puis peut-être un peu plus loin, l’Autriche et l’Allemagne, l’Italie et pourquoi pas de l’autre côté de l’Adriatique ; faut que ça murisse encore un peu…

En attendant, cette année les Alpes, l’année prochaine, si tout va bien, un tour de Corse, puis ensuite les Pyrénées, les Ardennes entre temps, etc, etc.

18/04 : e comme étranger

Nous sommes tous un étranger à l'étranger.
Un voyage même court dans un autre pays
nous invite au retour à adresser à l'autre
l'accueil, le regard et le soutien espérés.

Étranger

(Jeu des 366 Alphabétiques expliqué là-bas.)

S’impose à moi, écrit en 1951, de Jacques Prévert :

Étranges étrangers

Kabyles de la Chapelle et des quais de Javel
hommes de pays loin
cobayes des colonies
doux petits musiciens
soleils adolescents de la porte d’Italie
Boumians de la porte de Saint-Ouen
Apatrides d’Aubervilliers
brûleurs des grandes ordures de la ville de Paris
ébouillanteurs des bêtes trouvées mortes sur pied
au beau milieu des rues
Tunisiens de Grenelle
embauchés débauchés
manœuvres désœuvrés
Polaks du Marais du Temple des Rosiers

Cordonniers de Cordoue soutiers de Barcelone
pêcheurs des Baléares ou du cap Finistère
rescapés de Franco
et déportés de France et de Navarre
pour avoir défendu en souvenir de la vôtre
la liberté des autres

Esclaves noirs de Fréjus
tiraillés et parqués
au bord d’une petite mer
où peu vous vous baignez
Esclaves noirs de Fréjus
qui évoquez chaque soir
dans les locaux disciplinaires
avec une vieille boîte à cigares
et quelques bouts de fil de fer
tous les échos de vos villages
tous les oiseaux de vos forêts
et ne venez dans la capitale
que pour fêter au pas cadencé
la prise de la Bastille le quatorze juillet

Enfants du Sénégal
dépatriés expatriés et naturalisés

Enfants indochinois
jongleurs aux innocents couteaux
qui vendiez autrefois aux terrasses des cafés
de jolis dragons d’or faits de papier plié
Enfants trop tôt grandis et si vite en allés
qui dormez aujourd’hui de retour au pays
le visage dans la terre
et des bombes incendiaires labourant vos rizières
On vous a renvoyé
la monnaie de vos papiers dorés
on vous a retourné
vos petits couteaux dans le dos

Étranges étrangers

Vous êtes de la ville
vous êtes de sa vie
même si mal en vivez,
même si vous en mourez.

 


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