Que l’on aime Christiane Taubira ou pas, le privilège des personnalités politiques de premier plan étant de susciter autant d’admiration que de haine en fonction des convictions de tout un chacun, bref, disais-je, que l’on aime Christiane Taubira ou pas, force est de constater, qu’elle est une intellectuelle engagée, passionnée et d’une intelligence hors du commun.

Elle connaît ses dossiers sur le bout des doigts, est une bateleuse politique redoutable qui manie la langue française avec dextérité, pour qui les mots ont un sens. Ses opposants ont intérêt à avoir un argumentaire tenant la route sous peine de finir en piteux état.

Quelques députés en ont déjà fait les frais !

 

Un des combats de sa vie a été la dénonciation de l’esclavage et sa reconnaissance comme crime contre l’humanité ; loi votée en 2001.

 

Elle s’est battue aussi (et se bat encore) pour que les réalitées historiques de cette abomination, qui a permis un important développement économique de la plupart des pays dit occidentaux, prennent toute sa place dans les livres scolaires ; non plus comme une anecdote passée de notre civilisation.

 

J’avais 11 ans quand j’ai lu « Racine » d’Alex Haley, je m’en souviens bien, à l’époque je piquais les livres qui avaient l’air de passionner ma mère, on était en vacances en Italie et j’ai dévoré les deux ou 3 volumes (je ne sais plus) de ce roman qui m’a marqué.

Cela a été ma seule vraie leçon sur cette horreur humaine ; je n’ai pas souvenir d’avoir étudié plus précisément ce sujet lors de mon cursus scolaire !

 

 

Dans « L’esclavage raconté à ma fille », Christiane Taubira nous raconte l’histoire de l’esclavage sous toutes ses formes, pas uniquement la traite négrière et ses conséquences. Elle propose une réflexion historique, politique et philosophique sur ce sujet bien plus complexe qu’il n’y paraît. Tout cela sous la forme d’une discussion question/réponse avec sa fille.

 

Le style est clair et limpide, les mots simples pour être compris facilement. On est bien loin de l’amphigouri des littératures universitaires indigestes, accessibles aux seules élites qui siéent en général à ce genre de sujet. Élites qui, j’en suis persuadé pour certaines, reprocheront à ce livre une trop grande simplification ; si maintenant le peuple a accès au savoir !

 

Voilà un ouvrage passionnant, accessible à tout ado qui s’en donnerait la peine et bien sûr au plus grand…

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4° de couverture :

 

« La traite et l’esclavage furent le premier système économique organisé autour de la transportation forcée de populations et de l’assassinat légal pour motif de liberté, pour marronnage. Ce système a perduré pour l’Europe durant plus de quatre siècles, pour la France durant plus de deux siècles.

Il ne s’agit pas de se morfondre ni de se mortifier, mais d’apprendre à connaître et respecter l’histoire forgée dans la souffrance. D’appréhender les pulsions de vie qui ont permis à ces millions de personnes réduites à l’état de bêtes de somme de résister ou simplement de survivre.

Il s’agit de comprendre cette première mondialisation qui a généré des relations durables entre trois puis quatre continents.

 

Ces événements doivent être enseignés, que l’on sache qu’il y eut, dès les premiers temps, résistance sur place et solidarité transcontinentale.

Interrogeons cette histoire afin que les jeunes générations détectent les liens entre le racisme ordinaire et ses sources dans le temps, et qu’elles comprennent que la République a besoin de leur vigilance et de leur exigence. Choisissons une éducation qui prépare à l’altérité et qui porte l’empreinte de la vérité, de la justice, de la fraternité. »

 

Traite et exploitation des êtres humains, colonisations, luttes pour la liberté, réflexion sur la notion de crime contre l’humanité, formes contemporaines de l’esclavage : une mère engagée répond aux nombreuses questions de sa fille. De ce dialogue s’est construit, au fil des étonnements, indignations et admirations, un livre aussi passionnant que nécessaire.»

 

 

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