Texte écrit le 05/07/22…

 

La trouille a commencé dans le TGV, en rentrant, comme un pressentiment. Je savais qu’elle avait eu les résultats de la biopsie, elle ne m’avait pas envoyé de message que tout était OK.

Et puis j’ai croisé les doigts, et puis j’ai repoussé ces mauvaises pensées, j’ai joué à Bubble, et puis je vais la gronder de m’avoir fait peur pour rien, et puis on est arrivé, et puis elle m’a dit :

 

« J’ai une mauvaise nouvelle, c’est bien un cancer…».

 

Oh, un tout petit, un tout jeune, l’a rassurée la toubib, on soigne ça très bien maintenant, les protocoles sont au point, il est pris à temps…

OK…

OK…

Mais il y a ce mot : « Cancer » !

À lui seul il fait peur…

Peu importe sa taille…

C’est juste un putain de mot qui décrit une réalité peu réjouissante…

« Cancer», c’est ce putain de crabe qui a emporté il y a trois mois une de nos meilleures amies !

OK, c’en était un du poumon, pris sur le tard, fulgurant, un des pires, du genre qui ne pardonne pas ; le même que celui qui a emporté François il y a 10 ans, le père de la Merveille, l’amoureux d’alors de ma belle d’aujourd’hui.

OK, OK, ne t’inquiète pas, rien à voir, là c’est juste un touti riquiqui au sein…

Oui, mais « Cancer », le mot est lâché !

Oh putain…

 

Ah oui, mais en fait, dans la croyance populaire, c’est le nom que tu mets après le « du » qui est important, un peu comme un adjectif : testicule, poumon, prostate, sein…

 

Tu parles…

 

Et puis ce soir il faut annoncer ça à la merveille, à son frère…

 

Elle est courageuse, la Merveille, elle a fait OK, a posé quelques questions et puis à continuer à sourire. Elle n’est pas dans le déni, juste philosophe « c’est la vie ».  On n’est pas dupe, il faudra Sûrement encore quelques discussions pour bien digérer l’annonce ; le passé est toujours là, elle le connaît trop bien ce mot qui lui a enlevé son papa…

 

Et puis mon toubib de frangin qui nous traduit le jargon du courrier pour le grand professeur. Rassurant, juste ce qu’il faut… Précis aussi !

 

Il y a ce mot qu’il va falloir effacer au plus vite de son sein…

 

Et moi dans ma tête, un coup serein, tout va bien aller, ça va être difficile, mais bon, ce n’est qu’un mot que l’on sait faire taire…

 

Et puis dans l’autre hémisphère, le « Et si ? »…

 

 

Ce soir mon frère fête son départ à la retraite, je lui dirais après, je ne vais pas gâcher ce beau moment…

 

Édit du 7 :

 

Voilà, la machine s’est mise en route, organisation, rendez-vous, les choses deviennent plus concrètes, plus rassurantes aussi. Il y a encore beaucoup de points d’interrogation,  mais l’on sait déjà que l’année prochaine ne sera pas d’une banalité affligeante !