vendredi, 26 avril 2024

Avec le temps, et les anniversaires passent... n°6

Tu t’es replongé dans le travail, comme avant. Tu as fait le tour de France et du monde, certaines années tu étais plus souvent à l’hôtel que dans ton lit.

Tu étais reconnu pour ton boulot, ton expertise, ton professionnalisme.

Et pourtant, tu sentais bien qu’au fond de toi, un truc changeait, tu prenais de l’âge, tu n’avais plus 20 ans, même plus quarante, les technologies commençaient à te dépasser, tu faisais toujours illusion, mais tu avais perdu ta sérénité. De plus en plus souvent, l’anxiété prenait le dessus au moindre problème, au moindre taf un peu compliqué, où était passée ton insouciance d’antan ?

 

 

Et puis tu as eu 46 ans et tu es tombé gravement amoureux d’une belle demoiselle bien plus jeune que toi, ça t’a un minimum titillé les neurones de te dire que tu avais 15 ans quand elle est née ! Elle est venue résider chez toi, toi le célibataire endurci comme le pensais certain ! Et là, tu as pris conscience de plein de choses ! Tu avais 46 ans et c’était la première fois que tu habitais avec une amoureuse ! Oh, des aventures, tu en avais eu, certes tu n’étais pas un puceau de la dernière pluie, mais n’empêche, c’était la première fois que tu t’essayais à la vie à deux ! Et te sont remontés tes rêves de jeune homme, ceux de fonder une famille, d’avoir un enfant. D’ailleurs, vous en avez causé de cette éventualité dont, de ton côté, tu avais fait le deuil ! Souvent !

Et puis la vie ! Ça a duré un an ; beaucoup de bonheur et puis l’ordre des choses, vous n’étiez pas la bonne personne pour l’autre. Vous vous êtes fait la bise et êtes resté bon ami…

Il n’empêche, ce fut dur pour toi, entre prise de conscience, regret, envie, espoir, désir. Vers le triste constat que pendant 25 ans tu t’es caché dans le travail, travail que tu as choisi, travail que tu aimes ; à aucun moment tu n’as songé à ta vie  personnelle, amoureuse, sentimentale. Oh bien sûr, certain soir la solitude de ton cœur te revenait à la gueule, les larmes coulaient, les maux noircissaient tes cahiers, mais bien vite tu replongeais dans d’autres aventures professionnelles.

 

Te voilà arrivé aux portes d’une nouvelle dizaine, la cinquième, le boulot change, tes réseaux aussi, et puis l’envie ; un ras-le-bol général d’un taf qui a de moins en moins de sens pour toi, à savoir si, au final, cela en a eu un jour ! Et tout ça explose dans ta tête en un melting-pot embrouillé, une orgie de sentiments contradictoire, un retour de la tristesse et une incompréhension de toi-même.

(A suivre)

jeudi, 25 avril 2024

Avec le temps, et les anniversaires passent... n°5

Tu t’es dit qu’il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond, qu’il fallait faire quelque chose, alors tu as cherché un psy, au hasard, dans l’annuaire. La dernière fois que tu en avais vu un, tu avais 7 ans !

Les premiers que tu as appelés t’ont proposé un rendez-vous dans six mois, tu as décliné ; et puis, il y a eu ce type, pas loin de chez toi, psychiatre de son état, il t’a posé des questions au téléphone et t’a donné rencard pour dans 2 jours. Il avait la tête de l’emploi, un peu rondouillet, une barbichette, un crâne chauve sur le dessus et une couronne de cheveux un peu folle. Des lunettes rondes et un costume genre tweed, marron. La pièce était grande avec une belle bibliothèque en acajou plein de livres reliés. Dans un coin, un canapé rouge avec des coussins et derrière une chaise. À l’opposé, un beau bureau, et devant deux gros fauteuils confortables ; il t’en proposa un et s’assit dans l’autre presque en face de toi, légèrement en quinconce. Il a croisé ses mains sur son ventre, s’est reculé dans son fauteuil et a posé la première question. Vous avez parlé une heure et demie, tu as presque été sincère dans tes réponses, tu n’as pas tout dit, tu ne connaissais pas trop les usages, et puis, certaines questions te semblait intrusive.  Il avait une voix calme, ne jugeait jamais, rebondissait ici et là sur tes paroles. À la fin, il t’a expliqué un peu les différentes thérapies, ce que lui faisait, ce qu’étaient les divers métiers et l’obédience des gens qui s’occupe des boyaux de la tête.

Dans ton cas, il pensait que ce n’était pas trop grave, une petite déprime, voire une légère dépression. Il t’a parlé aussi dérèglement des circuits parasympathique. Après votre discussion, et par rapport à ce que tu lui avais dit, il n’a pas vu de gros traumatismes, il a même suggéré que ton questionnement et ton état venaient de là. Il a jugé que tu n’exigeais pas de médication, et pour ce qui est de ton circuit sympathique il t’a recommandé une pilule à base de plante, pas dangereux, le Vagostabyl. Enfin il t’a conseillé plutôt d’aller voir un psychologue, que lui faisait surtout dans la psychanalyse, ce qui, selon lui, actuellement, ne correspondait pas à ton besoin et à ta démarche du moment d’aller mieux.

« La psychanalyse n’a jamais guéri personne, et d’ailleurs ce n’est pas le but, elle est là pour essayer de comprendre, de se comprendre… ».

Étonnamment, tu en es sorti ragaillardis, avec un bon moral, tu as été acheté une boîte de son truc aux plantes, et quand tu sentais monter un peu d’angoisse, une petite pilule orange et hop… Placebo ou pas ? Tu n’as jamais su…

Tu n’as jamais été voir de psy

 

Bref, tu as eu 40 ans et maintenant ça va mieux !

 

Tu ne savais pas encore la suite.

(A suivre)

mercredi, 24 avril 2024

Avec le temps, et les anniversaires passent... n°4

Au réveil tu te demandes pourquoi cette boule d’angoisse dans le ventre, tu n’as pas envie de bouger, d’y partir, tu as juste besoin de pleurer ; et tout en ruminant ta non-envie, tu te prépares, comme tu l’as toujours fait !

La première fois que tu as ressenti ça, c’était le premier jour de ton vrai premier boulot, celui où tu devrais te rendre quotidiennement, avec de véritables sous à la fin. Sur le périph, à chaque porte, tu voulais sortir, faire demi-tour, ne pas y aller… Et tu y es allé… Parce qu’il faut, parce que tu es fort, parce que « non, mais ça va, tu ne vas pas nous chier une pendule » !

Pendant une semaine, tu as eu cette boule au ventre, l’estomac en vrac, les larmes au bord des yeux ; et puis c’est passé…

 

Et puis de nouveau, quand, première guerre du Golf oblige, tu t’es retrouvé au chômage, viré de ton CDI. Curieusement, ce n’est pas dans la galère que c’est revenu, non, mais plutôt quand ta carrière de free-lance a commencé à décoller. Tu te rappelles, c’était dans une tour de la défense, celle de Elf, il te semble, tu avais installé un vidéoprojecteur dans une grande salle pour une réunion, et tu attendais ton client, il avait du retard, beaucoup, et étonnamment, plus tu patientais, plus cette boule ressurgissait, plus tes intestins se contractaient, plus tes yeux se mouillaient, tu n’avais pas envie d’être là, plus envie de rien, tu voulais fuir et puis il est arrivé ! Poker en face, comme d’hab…

Et tout ça a passé, la vie, un métier qui te plaisait, beaucoup de boulot…

Trop ?

Surement…

 

Tu as 40 ans et l’autoroute défile au volant de ton bahut. La commerciale, une copine, a décidé de descendre avec toi pour te tenir compagnie ; elle aurait pu profiter de son dimanche et venir demain en train… Elle parle, vous bavardez, mais tu n’es pas là… Tu te souviens juste que tu as failli vous mettre dans le décor en voulant prendre une bouteille d’eau, un petit coup de volant malencontreux, le camion en surcharge fait une grosse embardée, frôle la barrière de sécurité et le fossé ; tu rattrapes le coup, tes bonnes étoiles ne sont pas loin, mais le reste du voyage sera plus silencieux, la peur rétrospective s’ajoute à ton anxiété. Tu n’as pas eu la trouille pour toi, mais simplement la crainte d’avoir manqué de la tuer ! Et te dire qu’au bout du compte, tu aurais pu mourir, mais bon ce n’est pas bien grave. Ça t’angoisse encore plus…

 

 

Tu passes quatre jours horribles, tu te forces pour tout, le moindre  problème technique, base de ton boulot, te semble insurmontable, là où d’habitude tu te contentes, d’un « pff fait chier… ». Tu as l’impression d’être un robot, de ne pas être ici, tu considères comme un miracle qu’au final tout se soit bien déroulé, et puis tu reprends ton camion et tu remontes seul sur Paris…

(A suivre)

mardi, 23 avril 2024

Avec le temps, et les anniversaires passent... n°3

Ton plus beau souvenir reste tes 30 ans, tu avais loué une salle, fait une liste des invités et dis à ton frangin d’organiser ça comme il voulait. La fête fut grandiose, les cadeaux à la hauteur dont, imaginez-vous, une imprimante Canon couleur pour ton Power Mac 7500 que tu venais de t’acheter ! En 1995, une imprimante jet d’encre couleur, c’était presque un Graal !

C’était un grand moment d’amour et d’amitié. il était 6h du matin quand tu as dû quitter tes proches pour aller trimer, un engagement prit il y a bien longtemps ! Tu avais rendez-vous à 7h au palais des congrès de Paris pour travailler sur le lancement de «Window 95 »…

Et ensuite la vie a continué…

 

Tu penses à ça dans ton lit, et tu sanglotes, 40 ans, voilà, c’est fait… Dors mon gars, dort, parce que demain à l’aube tu prends la route pour allez bosser à Aix-en-Provence, un long trajet avec un 20m3 chargé à bloc, ta routine, un peu…

 

(A suivre)

lundi, 22 avril 2024

Avec le temps, et les anniversaires passent... n°2

On est en 1990, tu vas célébrer tes 25 avec ton meilleur pote. Tu arrives chez lui dans l’après-midi, son père t’ouvre, la mine pâle : « Laurent est à l’hôpital, une leucémie… ».

« Avec ma bouteille de champagne, j’avais l’air d’un con, ma mère… » aurait chanté Brassens…

Le soir, avec sa copine, tu vas le voir à l’hôpital. Dès le lendemain matin, il rentrera en chambre stérile. Tu te souviens des tenus de cosmonaute juste pour lui faire coucou derrière une vitre.

Après vous être allé tous les deux, toi et Cécile, manger dans un restaurant chinois de la vieille ville de Tours, histoire quand même de fêter tes 25. Tu te rappelles du sweat vert qu’elle t’a offert, tu l’as porté des années durant, il était devenu un vêtement doudou… Vous essayez de faire bonne figure.

Laurent est mort deux ans plus tard !

Le lendemain, le téléphone sonne chez ton ami, c’est pour toi, ton frère qui t’annonce que ton autre meilleur pote, ton complice d’enfance, ton voisin, celui des 400 coups, c’est tué hier en Grèce, avec sa copine, un virage en moto un peu trop rapide, une sortie de route et ils ont été s’encastrer dans un panneau publicitaire…

Tu as haï tes 25 ans…

(A suivre)

dimanche, 21 avril 2024

Mauvais temps...

17 du 52 de Virginie, saison 6

 

 

Nous voilà repartis pour une 6e saison des 52 de Virginie.

Bien entendu, c’est ouvert à tous, alors n’hésitez pas à nous rejoindre !

 

Mauvais

 

Souvent on le qualifie de mauvais temps, et c’est vrai qu’il n’est pas toujours agréable de se prendre la pluie, le vent et le froid, mais ce mauvais temps est bien souvent bon la nature, du moins quand il n’exagère pas sa colère !

Et puis moi, bien des fois, je l’aime bien ce mauvais temps qui permet de bonnes et belles photos !

samedi, 20 avril 2024

Avec le temps, et les anniversaires passent...

Aujourd’hui tu as 40 ans, et tu n’as rien préparé, inconsciemment ; toi qui aimes les fêtes, tu n’as rien prévu. On est samedi, maman t’a expliqué que tes frères seront là, l’on célébrera ça ce soir au jardin, en famille. Tu penses « Voilà, j’ai quarante ans… Déjà… ».

Quand ta nièce est venue te solliciter pour faire des investigations qui t’ont paru bizarres sur internet, tu t’es dit que pour eux tu étais un peu le geek de la maison, internet en 2005, c’était encore un truc de connaisseur. Pendant deux heures, elle t’a pris la tête « et tu peux chercher ça ? Et ci ? Est-ce que l’on trouve des choses sur… ». Et pendant que, en tonton parfait, tu surfais les plus belles vagues du réseau, le jardin se remplissait de tout ce que tu avais de bons copains ; SURRRPRRRRISE !!!!

 

En temps normal, tu aurais sauté de joie, kiffé grave. Là, tu as juste sauté de joie, extérieurement, en bon poker face, mais dedans, tu étais simplement content, heureux, sans plus. Tu te rappelles t’être demandé pourquoi ! Tu sentais bien qu’il y avait un truc en toi qui n’allait pas !

40 ans, putain !

 

Tu recherches tes anniversaires mémorables ; le premier souvenir, ce sont tes dix ans. Ta marraine t’avait offert la tente canadienne de tes rêves. Enfin, l’été, en vacances tu serais un grand, seul dans  ta guitoune. Et puis ton parrain, lui, t’avait donné ce merveilleux Kodak Instamatic 104 ; sûrement le prélude de ta passion. Bizarrement aujourd’hui, dans ta collection de vieux appareils photo, il ne s’y trouve pas parmi la soixantaine. Souvent dans les foires ou les vide-greniers, tu le fouines ; tu déniches des 101, des 110, mais pas celui-là…

Peut-être qu’un jour…

 

Et puis, curieusement, aucun souvenir de ces dates soi-disant clef ; ni les 15 ou les 20, et encore moins les 18 ans. Les as-tu seulement fêtées ? Certainement, ta maman n’aurait pas laissé passer l’occasion…

 

(A suivre)

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