Voilà donc un livre étrange que celui-là, on y parle que de bouffe de bout en bout. Agréable à lire, c’est juste ce qu’il me fallait pour me remettre un peu au genre du roman avec lequel j’ai du mal en ce moment.

Muriel Barbery avait déjà commis « l’élégance du hérisson » qui eut, au dire de ce que j’ai pu en voir sur internet, son petit succès à l’époque ; j’avoue humblement ne pas l’avoir lu…

 

Dans « Une gourmandise » on rencontre un homme assez imbuvable et imbu de lui-même, grand critique gastronomique réputé et redouté et sur le point de mourir. Son ultime quête, retrouver un goût qui le hante et dont il ne se rappelle pas le met ! On remonte donc le courre de sa vie dans la description de plat plus ou moins sophistiqué, de restaurant de luxe en pique-nique en famille à la recherche de cette saveur qui lui échappe.

Entre témoignage de proche et souvenir personnel on découvre aussi un homme peu affable, voire rebutant par certains aspects.

 

Le reproche que je ferais, le style un peu ampoulé où des fois on a l’impression que l’auteure se regarde écrire…

 

C’est une lecture agréable sans être de la gastronomie littéraire.

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4° de couverture :

C’est le plus grand critique culinaire du monde, le Pape de la gastronomie, le Messie des agapes somptueuses. Demain, il va mourir. Il le sait et il n’en a cure : aux portes de la mort, il est en quête d’une saveur qui lui trotte dans le cœur, une saveur d’enfance ou d’adolescence, un mets original et merveilleux dont il pressent qu’il vaut bien plus que tous ses festins de gourmet accompli.

Alors il se souvient. Silencieusement, parfois frénétiquement, il vogue au gré des méandres de sa mémoire gustative, il plonge dans les cocottes de son enfance, il en arpente les plages et les potagers, entre campagne et parfums, odeurs et saveurs, fragrances, fumets, gibiers, viandes, poissons et premiers alcools… Il se souvient - et il ne trouve pas. Pas encore.

 

Citation :

 

Le vrai sashimi ne se croque pas plus qu’il ne fond sur la langue. Il invite à une mastication lente et souple, qui n’a pas pour fin de faire changer l’aliment de nature mais seulement d’en savourer l’aérienne moellesse. Oui, la moellesse : ni mollesse, ni moelleux ; le sashimi, poussière de velours aux confins de la soie, emporte un peu des deux et, dans l’alchimie extraordinaire de son essence vaporeuse, conserve une densité laiteuse que les nuages n’ont pas.

 

Sucre, eau, fruit, pulpe, liquide ou solide ? La tomate crue, dévorée dans le jardin sitôt récoltée, c’est la corne d’abondance des sensations simples, une cascade qui essaime dans la bouche et en réunit tous les plaisirs. La résistance de la peau tendue, juste un peu, juste assez, le fondant des tissus, de cette liqueur pépineuse qui s’écoule au coin des lèvres et qu’on essuie sans crainte d’en tacher ses doigts, cette petite boule charnue qui déverse en nous des torrents de nature : voilà la tomate, voilà l’aventure.

 

Je meurs d’une insuffisance de cœur. Quelle amertume ! J’ai tant reproché aux autres d’en manquer dans leur cuisine, dans leur art, que je n’ai jamais pensé que c’était peut être à moi qu’il faisait défaut, ce cœur qui me trahit si brutalement, avec un dédain à peine dissimulé tant le couperet s’est aiguisé rapidement…