Souvent, je le vois sur le chemin du Monoprix, pas loin du boulot, les jours où je n’ai pas emporté mon frichti maison et que je vais m’acheter un peu de malbouffe pour mon déjeuner.
Il est plus très jeune. Il a une bonne bouille, toujours un petit sourire au coin des lèvres, il me rappelle les clochards de mon enfance, quand on ne les appelait pas encore SDF. Il fait la manche. Alors, moi, en plus de mon plat à micro-ondé ou de ma petite salade composée sous cellophane, j’achète un sandwich en plus pour le lui donner.
Il me remercie toujours en mettant la main sur son cœur accompagné d’un hochement de tête.
Cela fait bien 3 ou 4 ans que l’on se croise comme cela.
Il n’y a pas très longtemps, une dame, d’une bourgeoisie déjà bien avancée, comme il y en a pas mal dans ce quartier, m’a poliment interpellé :
- Monsieur, excusez-moi de vous déranger, je vois bien que c’est de bon cœur, mais je ne suis pas certaine que ce soit une bonne idée de lui donner un sandwich.
- Ah bon ? Pourquoi ?
- Ben après, il va revenir
- Heu… ça fait au moins trois ans qu’il vient là, alors…
- ben oui, c’est bien ce que je dis…
- Au revoir…
Il y a des jours où je regrette de ne pas avoir la répartie nécessaire pour envoyer valdinguer ce genre de connasse ! Maintenant, j’aurais plein de trucs à lui balancer, mais bon c’est trop tard…
N’empêche, quand on dit qu’il y a des baffes qui se perdent !
Ce n’est pas grave, je continue à le nourrir mon pote le clodo !