De temps en temps, au détour d’un réseau social, il y a un truc qui vous ramène loin au pays de la nostalgie, du côté de l’enfance ; dans ma première décennie pour être plus précis !

 

À cette époque, en août, toute la petite tribu embarquait dans la Simca 1500 directions la Suisse, Neuchâtel, pour voir la famille de ma maman et son lac qui lui manquait tant.

 

On se répartissait chez les uns et les autres : le Tonton à Sériere, entre les odeurs de chocolat de la fabrique Suchard et de tabac de l’usine Phillips Morris - étrangement j’aimais bien ce mélange - et ma grand-mère à Fontaine André avec son balcon qui surplombait la gare et où je pouvais passer des heures à observer les manœuvres de la gare de triage.

 

Il y avait un incontournable durant ces vacances, c’était de monter à Chaumont rendre visite à l’oncle Georges et surtout déguster le fameux gâteau au beurre de la tante Blanche !

 

Quand il était en forme, l’oncle Georges venait nous chercher avec son accordéon au funiculaire, nous marchions en musique jusqu’à leurs fermes jouxtant le château bleu ; ce château au volet bleu délavé, à moitié en ruine, titillait mon imagination débordante. Je ne l’ai jamais connu ouvert, jamais vu une âme qui y vive, mais ma mère m’a raconté qu’adolescente, elle s’était fait quelques sous en allant y faire le ménage pour préparer les lieux avant que les propriétaires viennent y prendre villégiature d’été.

Chaumont
Chaumont

 

 

Mais je digresse ! Et donc la ferme dont je garde  en mémoire les odeurs. Celle du feu de la grande cuisinière en fonte toujours allumé régulièrement nourrit de belles bûches et puis l’effluve de l’étable qui jouxtait le bâtiment ; ah le lait encore tiède tout juste sortit du pis de la vache directement dans mon bol…

 

 

 

C’est dans  le four de cette cuisinière que ma tante nous concoctait son fameux gâteau au beurre, vieille recette neuchâteloise, qui semble aujourd’hui complètement oubliée (certainement parce que les fours  à bois ne courent plus les rues…).

Je  regardais, fasciné, la pâte à pain danser avec dextérité sur ses poings tendus devant elle  et s’étirer jusqu’à devenir presque transparente. Ensuite j’allais dans la salle à manger où les grands parlaient fort en remplissant leurs verres d’Œil-de-perdrix, délicieux vin local au goût de pierre à fusil.

Et tandis que les vieux s’enivraient, je me délectais de ce gâteau craquant trop vite avalé ! Heureusement cela s’activait en cuisine et il ne fallait pas longtemps avant que la fournée suivante arrive…

 

Et donc, hier je suis tombé sur cette vidéo ; toutes ces belles images, ces odeurs, ces souvenirs sont remontés à la surface :

 

 

Quand je viens en suisse, je retourne souvent en pèlerinage à Chaumont, sur les pas de mon enfance, je me fais ma balade rituelle,  modeste boucle qui du funiculaire va par le pré Louiset où on allait se promener avec le grand-père, puis je repasse devant ce château bleu, maintenant complètement restauré, tout comme la ferme derrière ; on ne peut plus s’approcher, un haut grillage et un portail closent à présent ce lieu.

Pré Louiset
Pré Louiset

 

 

J’aperçois dans la prairie d’à côté le rocher où avec le petit-cousin on jouait aux Indiens avec les arcs confectionnés par l’oncle Georges avec des branches du noisetier.

 

45 ans déjà, les années passent les souvenirs reste ; ce que j’aimerais de nouveau mordre dans un de ces gâteaux aux beurres, juste pour retomber en enfance durant une seconde d’éternité…